Giltburg-Queffelec-Le Guay
Trois pianistes en six jours à Gaveau.
Classique / Opéra - Entretien / Emmanuelle Haïm
La chef du Concert d’Astrée dirige au Festival d’Aix une nouvelle production d’Il trionfo del tempo e del disinganno de Haendel.
Quelle place occupe cette partition dans l’œuvre de Haendel ?
Emmanuelle Haïm : Le Trionfo a été créé en 1707 : c’est une partition de jeunesse, Haendel vient d’arriver en Italie et épouse avec brio le style italien. La musique coule à flot, il écrit extrêmement rapidement. Des airs de cet ouvrage seront d’ailleurs réutilisés dans des partitions plus tardives. Il Trionfo s’inscrit dans la tradition de l’oratorio, mais la musique est très imagée et même théâtrale.
Quelle est l’instrumentation de cet ouvrage ?
E.H. : L’effectif de l’orchestre n’est pas exubérant : outre les cordes, il y a des hautbois, flûtes à bec et bassons. Mais l’écriture est particulièrement originale, avec l’opposition soli-tutti, des solos de hautbois et de violon. Et à l’intérieur de l’œuvre, la présence d’un véritable concerto pour orgue et orchestre, lorsque le livret décrit le royaume du plaisir.
Quelle est l’intrigue ?
E.H. : Il n’y a pas d’action à proprement parler. C’est un voyage intérieur explorant la beauté. Ce qui est à la fois contraignant et en même temps offre tous les possibles pour le metteur en scène. On peut y voir une réflexion sur la vieillesse, la faiblesse, mais aussi une interrogation sur les canons de la beauté aujourd’hui.
Commet avez-vous constitué la distribution vocale ?
E.H. : Le choix des chanteurs s’est fait avec le metteur en scène Krysztof Warlikowski. J’avais l’habitude d’interpréter cet ouvrage avec une mezzo-soprano dans le rôle de Piacere, mais ici ce sera un homme, avec Franco Fagioli qui a ce côté ambigu et fellinien. Il y a aussi beaucoup d’ambiguïté avec la voix de Sara Mingardo, tandis que Sabine Devieilhe apporte une vraie juvénilité.
Propos recueillis par A. Pecqueur
Les 1er, 4, 6, 9, 12 et 14 juillet à 22h. Tél. 08 20 922 923. Places : de 9 à 270 €.
Trois pianistes en six jours à Gaveau.