La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

George Dandin / La Jalousie du barbouillé

George Dandin / La Jalousie du barbouillé - Critique sortie Théâtre Paris Théâtre du Vieux-Colombier
George Dandin, mis en scène par Hervé Pierre. Crédit : C. Raynaud de Lage

Théâtre du Vieux-Colombier / de Molière / mes Hervé Pierre

Publié le 24 mai 2016 - N° 244

Le Théâtre du Vieux-Colombier reprend la mise en scène de George Dandin créée par Hervé Pierre en novembre 2014, en lui associant La Jalousie du barbouillé. Un diptyque qui laisse perplexe : entre profondeur sociale et caricature de farce.

Le Théâtre du Vieux-Colombier remet à l’affiche l’un des succès de sa programmation 2014/2015. George Dandin, dans une mise en scène du comédien Hervé Pierre, interprété par Simon Eine, Catherine Sauval, Alain Lenglet, Jérôme Pouly, Pierre Hancisse, Noam Morgensztern, Claire de La Rüe du Can et Rebecca Marder. Pourtant, ce n’est pas avec une, mais avec deux pièces de Molière que cette reprise vient clôturer la saison du Vieux-Colombier. Car la comédie en trois actes – qui expose les déboires d’un riche paysan ayant épousé la fille (volage) d’un gentilhomme désargenté, afin de s’élever au dessus de sa condition – est aujourd’hui suivi de La Jalousie du barbouillé. Œuvre de jeunesse, cette farce en un acte a servi de modèle à l’écriture de George Dandin. Disons-le d’emblée, on a bien du mal à envisager l’objet de cette double proposition contrastée. Car si le projet de cette juxtaposition est bien, comme le laisse entendre le programme du spectacle, de « rapprocher le grand tableau de son esquisse » afin de les comparer, il faudrait pour cela être en mesure d’observer l’esquisse. Or la pantalonnade outrancière (d’une durée de trente minutes) qui nous est infligée ne nous en laisse pas l’occasion.

 Jérôme Pouly : toute l’âme de George Dandin                                                         

Simagrées à n’en plus finir, clins d’œil potaches, adresses au public, inserts et commentaires (sur le texte, sur les personnages) : cette bouffonnerie à gros traits ne laisse aucune chance à la pièce de Molière. On n’en saisit, d’ailleurs, pas grand-chose. La version de George Dandin qui nous est présentée avant cela est, elle, plus réussie. Une version aux accents graves et cruels qui vaut principalement pour la remarquable profondeur que confère Jérôme Pouly au rôle-titre. On est, ici, bien loin des artifices de la seconde partie du diptyque. Laissant percer une humanité simple et juste, le comédien nous gagne à la cause d’un personnage écrasé par les injustices d’une société dans laquelle les droits de la naissance sont tout. On lui pardonne ses erreurs. Sa rudesse. Son insensibilité. Claire de La Rüe du Can, à l’inverse, peine à faire valoir les droits d’une épouse dont les roueries répondent à la violence d’un mariage forcé. Ses appels à la liberté portent insuffisamment. Ainsi déséquilibrée, la pièce de Molière perd en ambivalence. En complexité. Elle sonne comme un vibrant et touchant manifeste social. Mais passe à côté de sa dimension féministe.

Manuel Piolat Soleymat

A propos de l'événement

George Dandin / La Jalousie du barbouillé
du mercredi 18 mai 2016 au dimanche 26 juin 2016
Théâtre du Vieux-Colombier
21 Rue du Vieux Colombier, 75006 Paris, France

Du mercredi au samedi à 20h30, les dimanches à 15h, les mardis à 19h. Durée de la représentation : 1h45. Tél. : 01 44 58 15 15. www.comedie-francaise.fr.

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