Comment semer le doute sur les liens familiaux
Yves Beaunesne s’attaque à la pièce d’Ibsen comme on jouerait librement au jeu du mensonge et de la vérité, pour voir…
« Des relations familiales entre un père, une mère et une fillette sont bousculées par le retour d’un jeune homme dans sa ville natale. Ce prophète retrouve dans le père un ami d’enfance : il décide de lui dire un certain nombre de choses au nom de la vérité. La famille fait retour sur son passé en découvrant des liens de paternité trouble. Toute vérité n’est pas bonne à dire, il est préférable parfois de s’installer au-delà. C’est un geste contemporain qui se rapproche des recherches actuelles sur l’ADN ou bien de la dialectique des familles recomposées. Les questions humaines et sociales n’ont cessé d’interpeller Ibsen comme aujourd’hui le spectateur. Le questionnement existentiel quant à l’amour parental demeure. On ne se demande pas si l’on est ou pas, comme Hamlet, mais plutôt si père et mère aiment leur enfant. La pièce laisse le spectateur dans une grande solitude : il doit assumer doutes et incertitudes. »
Propos recueillis par Véronique Hotte
Le Canard sauvage, de Henrik Ibsen ; mise en scène d’Yves Beaunesne. Du 11 au 21 février 2009. Grande salle, Lille.