Virginie Boccard renouvelle l’identité de la Scène nationale du Mans

Quels sont les principaux axes de votre projet pour la Scène nationale du Mans ?

Virginie Boccard : Les Quinconces et L’Espal sont une scène nationale qui, comme son nom l’indique, est composée de deux théâtres. Les Quinconces se situe dans le centre-ville du Mans. L’Espal est implanté dans le quartier populaire des Sablons. J’ai relié ces deux équipements dans un projet global intitulé Vives Résonances. Ce projet vise à tisser un maximum de liens avec la ville. Nous cherchons toujours à travailler avec les autres, pour être plus forts et plus pertinents dans nos choix.

Qui sont ces autres ?

V.B. : Ce sont d’abord les structures culturelles du territoire avec lesquelles nous avons développé des coopérations. Par exemple, la scène de musiques actuelles, le Pôle cirque Le Plongeoir, l’équipe de La Fonderie… Nous avons également créé des liens de complémentarité avec des projets de la Ville du Mans, comme la fête de la lecture et de la littérature Faites lire !. Notre projet accorde une grande place au dialogue avec celles et ceux qui nous entourent, tout en affirmant une identité de programmation très précise qui se décline notamment lors de quatre temps forts : A ciel Ouvert !, Les Inspirantes, En jeu ! et Vivants ! Vivantes !.

Cette volonté d’être toujours connecté au terrain passe par la mise en place de groupes de réflexion appelés La Pensée Joyeuse…

V.B. : Oui, il s’agit de comités de pilotage qui réfléchissent à ce que l’on peut organiser autour des spectacles. Nous travaillons ainsi avec des associations féministes, écologistes, LGBTQ+... Tous ces échanges nous permettent d’être connectés aux forces vives de nos territoires, de proposer d’autres types de rendez-vous. Et puis, le deuxième dimanche de chaque mois, nous confions les clés des Quinconces aux membres de l’Association La courte échelle. Nous leur laissons carte blanche pour proposer des événements en parallèle à notre programmation.

« Notre ligne artistique est centrée sur l’hybridation des écritures, le croisement des formes, la diversité des récits. »

Quelle est votre ligne de programmation ?

V.B. : Notre ligne artistique est centrée sur l’hybridation des écritures, le croisement des formes, la diversité des récits. Elle s’exprime notamment à travers les créations des artistes composant notre Grand Ensemble, qui sont les artistes associés à notre projet. Notre programmation accorde une grande place aux autrices et aux auteurs vivants. Elle va de propositions très fédératrices à d’autres beaucoup plus clivantes. Nous nous apercevons d’ailleurs que les goûts et les envies de nos publics évoluent. Nos spectatrices et spectateurs nous font de plus en plus confiance. Ils prennent aujourd’hui le risque de découvrir des univers parfois très radicaux.

Vous avez créé, à L’Espal, une bibliothèque de textes de théâtre édités…

V.B. : Oui, notre Bibliothèque Éphémère est à la fois un lieu de ressource et de recherche. Pour faire vivre ce fonds de plusieurs milliers de pièces, nous organisons par exemple, avant certains spectacles, des lectures chuchotées à l’oreille des spectatrices et spectateurs. Nous proposons également, tous les deux mois, un club de lecture. À cette occasion, une autrice ou un auteur du Grand Ensemble sélectionne une pièce à propos de laquelle les participantes et participants sont amenés à débattre.

Quelle place le bar le Carré Rouge occupe-t-il dans la vie de la Scène nationale ?

V.B. : Une place importante. Le Carré Rouge est un espace de vie et de rencontre situé à l’étage du Théâtre des Quinconces. Il a été repensé pour donner envie aux habitantes et habitants de s’approprier ce lieu de convivialité. Il est utilisé comme bar à jeux, comme espace de discussion pour des associations. Un groupe de tricoteuses s’y retrouve chaque jeudi. Des artistes y travaillent et y donnent leurs rendez-vous… Cette volonté d’être toujours en lien avec le réel de notre ville se traduit aussi au Théâtre de L’Espal. Pour nous, il est essentiel de ne pas faire seul, d’ouvrir grand nos portes, de sortir de nos murs pour toucher celles et ceux qui sont éloignés de nos scènes.

Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat