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Vingt-cinq ans de redécouvertes

Vingt-cinq ans de redécouvertes - Critique sortie Classique / Opéra
Crédit photo : Dominique Bodécot Légende : La Poule noire de Manuel Rosenthal, exhumée à la Péniche Opéra. Vingt-cinq ans de redécouvertes

Publié le 10 octobre 2007

La Péniche Opéra poursuit saison après saison sa moisson enthousiaste de chefs-d’œuvre oubliés.

Amarrée dès ses débuts aux quais du canal Saint-Martin, la Péniche Opéra s’est aussitôt laissé porter par les eaux dolentes, mais bien plus profondes qu’il n’y paraît, de la légèreté musicale. La première saison, en 1982, rouvrait les vannes depuis longtemps presque closes de l’art lyrique léger, proposant sous le titre Rêves d’écluse et sous la direction artistique lumineuse de Jean-Claude Pennetier un parcours à travers le riche répertoire de l’opérette, de l’opéra-bouffe et de l’opéra-comique français. C’était le point de départ d’une entreprise de redécouverte et de réhabilitation qui n’a pas cessé en vingt-cinq ans et a permis de ramener à la vie des œuvres rayonnantes mais oubliées. Bien adapté à l’exiguïté des lieux, ce répertoire a aussi permis de remettre en avant l’interrogation, essentielle aux yeux de la directrice de la Péniche Mireille Larroche, du rapport entre verbe et musique. Dans ce domaine, souligne-t-elle, « les réponses les plus originales figurent le plus souvent dans des ouvrages que la postérité, trop raisonnable, n’a pas retenus ». C’est le cas notamment des « opéras-bouffes » du premier tiers du xxe siècle que la Péniche monte en 1997 : La SADMP (Société Anonyme Des Messieurs Prudents) de Louis Beydts sur un livret de Sacha Guitry et La Botte secrète de Claude Terrasse. La Péniche Opéra tire ainsi les fils d’une certaine musique française qui porte en elle l’héritage de Messager – auquel un spectacle rendait hommage en 2004 à travers nombre d’airs tirés d’ouvrages, des plus célèbres (L’Amour masqué, Véronique) aux plus inattendus (Le Bourgeois de Calais, La Fauvette du temple ou Miss Dollar). Dernier exemple en date, les délicieuses partitions de Manuel Rosenthal, La Poule noire et Rayon des soieries, font suite à la redécouverte du Toréador d’Adolphe Adam en 1992, de La Princesse jaune de Saint-Saëns en 1993, des deux Docteur Miracle de Bizet et Charles Lecoq en 1997 ou, plus récemment, du Roi Pausole d’Honegger d’après Pierre Louÿs.
Cependant, l’esthétique de la Péniche Opéra, adepte du coq à l’âne, franchit volontiers les cloisonnements des genres et des époques, avec la redécouverte de chefs-d’œuvre de l’opéra-comique français du xviiie siècle tels Zémir et Azor de Grétry, Les Femmes vengées et Le Maréchal Ferrant de Philidor, sans négliger quelques excursions hors des frontières : révélation de l’opéra-bouffe de Schoenberg Von heute auf morgen en 1994, plus récemment L’Oie du Caire et Lo Sposo deluso pour l’année Mozart.
Sans jamais pour autant retomber dans la grisaille, la Péniche reprend parfois son sérieux pour redonner la place qu’ils méritent à des opéras tels Sophie Arnould de Gabriel Pierné ou Forêt bleue de Louis Aubert, chef-d’œuvre onirique d’un contemporain de Debussy.

Jean-Guillaume Lebrun


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