Valérie Briffod Forme les conteurs aujourd’hui

« Le conteur est un fournisseur de récits alternatifs. »

Qu’est-ce qu’un conte ?

Valérie Briffod : Le conte recouvre beaucoup de choses, y compris certains clichés ! On le croit réservé aux enfants ; on l’imagine sous un baobab ou au coin du feu : il peut être cela, mais pas seulement ! Le conteur moderne est habité par la nécessité vitale de redonner sa place et sa valeur à la parole : ancrée et engageant celui qui la porte. De plus, sa parole est adressée : elle fait lien. Le conteur est un fournisseur de récits alternatifs qui fait un pas de côté par rapport à la dictature du réel. Sa parole relève du symbolique, essentiel dans la construction et l’émancipation des individus. Il a accès à l’imaginaire. Ce pouvoir qu’il acquiert ainsi explique les dérives du story telling voire celles du gourou déguisé sous les oripeaux du folklore. Voilà pourquoi il faut que le conteur se pose comme artiste, en élucidant sa posture et les conditions de son propos, restant vigilant aux échos de ce qu’il raconte.

Le garde-fou idéal, c’est donc la formation !

V. B. : Et pourtant, il n’y a pas d’école du conte en France ! Ce qui nous a donné la liberté d’inventer un parcours de formation-recherche au long cours (unique en France) où l’on se forme dans une dynamique artistique. L’accompagnement à la création et la formation des artistes relèvent des missions de notre maison, créée en 1999. Le prochain Labo fera porter la formation par des artistes en action à la parole forte, qui ont chacun une entrée singulière dans le conte. Deux axes guideront cette formation : l’importance de la langue et celle du répertoire (qu’éclaireront les apports scientifiques de l’anthropologue Jean-Loïc Le Quellec et de la conteuse Praline Gay-Para). Début janvier 2020, sera lancé l’appel à candidature pour une quinzaine de stagiaires qui termineront leur parcours dans une grande nuit du conte en janvier 2021.

Propos recueillis par Catherine Robert