Focus -290-Festival BRUIT au Théâtre de l’Aquarium
Un condensé d’envies
Entretien / Jeanne Candel
Publié le 11 mai 2021 - N° 290Créée en 2013 à la Comédie de Valence, reprise aujourd’hui au Théâtre de l’Aquarium, sa mise en scène du Crocodile Trompeur / Didon et Énée (cosignée avec Samuel Achache) constitue une reprise emblématique de la prochaine édition de BRUIT. Jeanne Candel nous en dit plus sur ce festival pas comme les autres.
Pouvez-vous nous présenter le festival BRUIT ?
Jeanne Candel : Le principe de BRUIT est d’organiser chaque année au Théâtre de l’Aquarium deux temps forts d’ouverture, deux bruits aux atmosphères très contrastées : l’un en plein cœur de l’hiver et l’autre au printemps ou à l’été. Avec, comme ligne de programmation, l’idée du bouillonnement, d’une grande variété de créations qui peuvent prendre corps, aux beaux jours, dans tous les recoins du théâtre, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur. Il est pour nous essentiel d’inscrire les publics dans le paysage de l’Aquarium et de la Cartoucherie. Nous souhaitons que BRUIT donne lieu à de véritables moments de vie, que les spectatrices et spectateurs ne se contentent pas d’assister à une seule création, mais qu’ils en voient plusieurs, qu’ils restent le plus longtemps possible avec nous.
Avec un fil rouge artistique : l’entrecroisement du théâtre et de la musique…
J.C. : C’est ça. Sans être dogmatiques, nous sommes prioritairement sensibles aux projets questionnant les rapports qui peuvent se tisser entre ces deux disciplines. Suite à la crise du Covid, nous avons dû annuler deux éditions de BRUIT. Cette première édition 2021 est un peu comme une séance de rattrapage, comme un condensé d’envies au sein duquel nous avons reprogrammé des artistes accueillis en résidence que nous voulions absolument mettre en lumière. Et puis, nous reprenons Le Crocodile Trompeur – Didon et Énée, d’après l’opéra de Henry Purcell, spectacle qui constitue la colonne vertébrale du festival.
« Nous élaborons de grands mouvements organiques qui mettent en jeu des mélanges totalement baroques. »
Pourquoi reprendre cette création ?
J.C. : Parce qu’il s’agit du spectacle emblématique de notre compagnie, la vie brève. C’est avec cette création que nous avons pour la première fois vraiment réussi à formuler sur scène notre projet artistique : créer des œuvres avec des artistes ayant plusieurs cordes à leur arc, des artistes pouvant être à la fois musiciens et acteurs, chanteurs et musiciens… Les équipes que nous formons pour nos spectacles sont complètement hybrides et décloisonnées. Nous élaborons de grands mouvements organiques qui mettent en jeu des mélanges totalement baroques. Reprendre Le Crocodile Trompeur est extrêmement joyeux. Cela nous permet de montrer aux publics de l’Aquarium ce qui constitue le cœur de notre travail.
Votre nouvelle création, quant à elle, sera présentée en septembre prochain. Quels en sont les principaux enjeux ?
J.C. : Ce sera un spectacle très visuel, très pictural, sous-tendu par une forme d’urgence, par une nécessité liée à la façon dont j’ai vécu la crise sanitaire. Sur scène seront réunis des gens très différents : des musiciens-acteurs, des danseurs, je serai moi-même au plateau… Quant au motif thématique, il creuse l’idée du retournement, lorsque certaines choses que l’on perçoit se révèlent, finalement, à l’opposé de ce que l’on croyait initialement.
Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat
A propos de l'événement
BRUIT, festival Théâtre et Musique,du mardi 15 juin 2021 au dimanche 4 juillet 2021
Théâtre de l’Aquarium La Cartoucherie
2 route du champ de manœuvre, 75012 Paris.
Tél. 01 43 74 99 61.