Technologie et création musicale : nouveaux ponts et nouvelles rencontres
Directeur du Collège contemporain, Benoît [...]
Focus -281-Festival Innovasound.
Deux concerts en soirée, les 21 et 22 novembre, et une journée complète de concerts et d’ateliers, le 23 novembre, interrogent les rapports de l’interprétation musicale, de la lutherie traditionnelle ou nouvelle et d’une écoute active et immersive.
Mixsounds
Pour le premier concert, l’altiste Odile Auboin a souhaité proposer au public « un parcours sonore riche à travers le geste instrumental, en partant de l’instrument acoustique, puis son amplification par l’électronique jusqu’à son extension dans l’absolu par le biais de capteurs qui remplacent l’instrument et l’archet pour sculpter les sons ». Un parcours que la musicienne, membre de l’Ensemble intercontemporain et du Collège contemporain, a tracé en s’appuyant sur l’œuvre de compositeurs qui lui sont chers : Pierre Boulez (qui lui avait confié la création de la version pour alto d’Anthèmes), Peter Eötvös (Désaccord 2 pour deux altos, avec Jossalyn Jensen) ou Martin Matalon (Traces II, où l’électronique vient amplifier la virtuosité de l’alto). Gilbert Nouno, compositeur, artiste sonore et multimédia, réalisateur en informatique musical de longue date à l’Ircam, a quant à lui conçu pour Odile Auboin une pièce pour « alto virtuel » où les capteurs électroniques tiennent lieu d’archet et d’instrument. Gilbert Nouno sera également à l’œuvre pour l’interprétation des parties électroniques des œuvres mixtes (celle de Martin Matalon, mais aussi Metallics de Yan Maresz avec le trompettiste Vincent Saunier).
Electrosounds
S’il est aisé pour Odile Auboin de revendiquer une musique d’aujourd’hui qui trouve ses racines dans la musique ancienne, Franck Vigroux, qui sera sur scène le 22 novembre avec l’artiste vidéo Antoine Schmitt, se situe lui aussi dans une continuité historique : « Je me sens très classique. Ma pratique d’interprète est issue de la transformation électroacoustique et de l’évolution de la lutherie électronique ». Leur performance, Chronostasis, est un concert hybride, où la musique et les images dialoguent d’égal à égal autour d’un projet dramaturgique fort : sonder l’élasticité du temps. Tout ici est joué live ; c’est un spectacle vivant dans lequel « l’expérience physique, la physicalité du son est importante ». Idem pour la performance du compositeur et dj eRikm qui précèdera sur scène Franck Vigroux et Antoine Schmitt.
Poeticsounds
La dernière journée renoue en apparence avec une certaine modernité classique : une traversée du dernier demi-siècle à travers des pièces solistes ou chambristes, de Luciano Berio à Toshio Hosokawa, de Harrison Birtwistle à Matthias Pintscher, jouées par le Trio Sacher ou les solistes de l’Ensemble intercontemporain. Cette fois, c’est l’écoute elle-même qui se fait immersive, comme avec ce « Songe d’une nuit de Sabbat », plongée – en réalité augmentée – au cœur de la Symphonie fantastique de Berlioz. C’est une écoute différente, individualisée, informée, participative qu’Innovasound entend promouvoir, en liaison avec les acteurs réunis au sein du salon Virtuality.
Jean-Guillaume Lebrun