La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -196-TM+

TM+ Y TAMBUCO !

TM+ Y TAMBUCO ! - Critique sortie Classique / Opéra

Publié le 10 mars 2012

LA PERCUSSION, INSTRUMENT PLURIEL

AVANT LE CONCERT DU 5 AVRIL, REGARDS CROISES DES DEUX COMPOSITEURS INVITES, ALEXANDROS MARKEAS ET JAVIER ALVAREZ, ET DU PERCUSSIONNISTE DE TM+, FLORENT JODELET.

« Subvertir l’origine de l’instrument » Javier Alvarez
 
« Prendre plaisir à plonger dans la magie du son » Alexandros Markéas
 
Au xxe siècle, les percussions ont fait irruption dans la musique occidentale, devenant instrument à part entière et non plus simple soutien rythmique de l’orchestre. En 1933, la création de Ionisation d’Edgar Varèse à New York donnait naissance à un nouveau type de formation – l’ensemble de percussions – dont Tambuco est l’un des modèles actuels. Surtout, cette révolution sonore fit entrer dans l’imaginaire des compositeurs des sonorités nouvelles puisées aux quatre coins du monde. De fait, le percussionniste est nécessairement un musicien curieux, comme le reconnaît Florent Jodelet, percussionniste à l’ensemble TM+ : « Connaître les instruments nous amène à considérer l’ensemble des cultures qui les ont portés. Pour un percussionniste, le rapport à la musique traditionnelle n’est ainsi jamais très loin. En ce sens, j’ai un peu un rôle de passeur, une certaine responsabilité auprès des compositeurs ». Javier Alvarez (né en 1956) collabore depuis longtemps avec Tambuco et son directeur artistique Ricardo Gallardo. « Écrire pour les percussions est toujours quelque chose de très spécial, dit-il. Plus que pour d’autres instruments, il est très important de rester en contact avec les interprètes. Cela permet de rendre l’écriture plus idiomatique : il ne s’agit pas seulement d’écrire une musique jouable, il faut que cela résonne ! » « Par nature, les percussions ouvrent tout un monde d’expérimentation » ajoute Alexandros Markéas (né en 1965), qui apprécie le côté « manipulation » qu’induit cette famille d’instruments pour le compositeur comme pour l’interprète. Florent Jodelet confirme : « Quand la partition arrive, c’est là que les choses commencent, on se demande comment disposer les instruments, comment travailler. Il faut toujours se mettre en quête de solutions nouvelles ».
 
Si écrire pour les percussions ne va pas sans contraintes, c’est aussi pour les compositeurs un espace de liberté presque infini. En témoignent les options très différentes retenues par les deux compositeurs pour leurs créations respectives. Javier Alvarez voit dans les forces conjuguées de Tambuco et TM+ « un instrument unique, un grand ensemble composé pour moitié de percussionnistes » et présente son œuvre comme « une grande pièce de percussions avec instruments résonnants ». Alexandros Markéas, au contraire, a tenu à « identifier clairement le rôle musical de chaque ensemble ». « Je n’ai pas écrit pour une formation de onze musiciens, dit-il, mais bien pour deux ensembles. Je veux que Tambuco et les sept musiciens de TM+ sonnent de façon indépendante. Il y a bien un moteur rythmique et un électron libre ». Sensible au lien possible avec les musiques traditionnelles, le compositeur d’origine grecque a aussi voulu rendre hommage au Mexicain Conlon Nancarrow (1912-1997) à travers une musique faisant la part belle aux polyrythmies et polymétries. Javier Alvarez, quant à lui, souhaite « subvertir l’origine de l’instrument », sortir le steel-band caribéen et le berimbau brésilien de leur contexte traditionnel.
 
Familier de longue date de l’ensemble TM+, Alexandros Markéas poursuit à l’occasion de ce concert l’accompagnement pédagogique qu’il mène auprès d’écoles et de lycées des Hauts-de-Seine, autour de trois axes : la musique populaire grecque, la polyrythmie et la percussion comme art de la manipulation des objets. « La percussion est l’instrument idéal pour amener les publics à prendre plaisir à plonger dans la magie du son. »

Jean-Guillaume Lebrun
 
Œuvres de Markéas, Granillo, Fafchamps, Novoa et Alvarez. Jeudi 5 avril à 20h à la Maison de la musique de Nanterre. Réservations : 39 92. Places : 23 Ä.

A propos de l'événement



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