La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -161-bethune

Thierry Roisin

Thierry Roisin - Critique sortie Théâtre

Publié le 10 octobre 2008

Dans les arcanes de la démocratie locale

Sur un petit air de conte, Thierry Roisin interroge le fonctionnement de la démocratie locale, les contradictions entre idéaux et réalité. Un spectacle poétique et politique qui scrute le rapport intime des citoyens à leur cité, avec modestie et insolence.

Pourquoi réinterroger aujourd’hui le rapport du théâtre avec la cité ?
Thierry Roisin : En arrivant à Béthune il y a trois ans, j’ai consulté des comptes rendus des conseils municipaux afin de mieux connaître les problématiques de la ville et de la région. Ces documents, accessibles à tous les citoyens, consignent minutieusement l’intégralité des débats et prennent presque la forme de dialogues de théâtre. Ils abordent tous les aspects de la vie, révèlent les mécanismes de prise de décision et témoignent des enjeux de pouvoir mais aussi de génération, de sexe, de culture. J’ai été frappé par la culture du conflit qui existe dans ces enceintes. D’où l’idée de questionner ce que recouvre, concrètement, la démocratie locale, mot qui demeure souvent une belle coquille mais vide. Après des années passées en compagnie indépendante à sillonner l’hexagone au gré des tournées, j’avais envie de nouer une vraie relation avec un territoire et ses habitants. Sentir que le théâtre se mêle de ce qui les regarde, c’est le remettre à sa juste place.
 
A partir de quels matériaux avez-vous travaillé ?
T. R. : Outre les comptes rendus de conseils municipaux de plusieurs agglomérations, nous avons réalisé des entretiens avec des élus sur les raisons de leur engagement, sur le lien entre leur charge publique et leurs activités privées. Nous avons mené des discussions avec des citoyens sur leur attachement intime à leur ville. Nous nous aussi sommes inspirés de la Tentative d’épuisement d’un lieu parisien, de Georges Perec, qui décrit tous les détails qu’il observe sur une place parisienne pour capter l’« infra-ordinaire ». A ces matériaux textuels, documentaires, se mêlent des musiques, des éléments plastiques, des projections vidéo : notre « bricolage ».
 
« Se moquer du pouvoir me paraît salvateur. Il ne faut cependant pas en rester là. »
 
Quelle théâtralité avez-vous cherchée ?
T. R. : La Grenouille et l’architecte se déroulera comme une suite disparate de séquences. Ce désordre apparent nous gardera de l’écueil du didactisme.
 
La satire est un genre qui a déserté les plateaux pour se réfugier chez les humoristes, avec plus ou moins de bonheur. Le théâtre doit-il s’en saisir ?
T. R. : Ces propos, parfois très bas de plafond, poussent à la satire. Se moquer du pouvoir me paraît salvateur, nécessaire à la démocratie. Il ne faut cependant pas en rester là, mais mettre les codes et les rites du débat politique en perspective avec d’autres visions de l’action publique, qui montrent la conviction et la générosité de celles et ceux qui s’y dédient.
 
Propos recueillis par Gwénola David


La Grenouille et l’architecte, texte et mise en scène de Thierry Roisin. Du 24 mars au 4 avril 2009.

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