The Fluid Force of Love de Jan Fabre

À l’heure où les mots hommes et femmes ne suffisent plus à définir nos identités de genre, tout un nouveau lexique apparait (transgenre, cisgenre, fluide, queer, intersexe, agenre), qui tente de cerner cette réalité. Les orientations sexuelles elles aussi paraissent moins tranchées, une récente étude de la chercheuse américaine Christine Kaestle montre d’ailleurs que les changements d’attirance et d’identité sexuelles sont très fréquents à partir de la puberté et que l’orientation ne se fixe qu’aux alentours de 30 ans. Ainsi, la communauté LGBT se décline aujourd’hui en LGBTQI+, ajoutant aux traditionnels « lesbienne, gay, bisexuel, trans » « queer, intersexe et plus ». C’est de cette question que s’empare le plasticien, metteur en scène, chorégraphe et écrivain Jan Fabre dans sa nouvelle pièce The Fluid Force of Love présentée en création mondiale à Bonlieu.

Toutes les amours et tous les fantasmes

L’artiste flamand, homme de démesure qui avec Mount Olympus, faisait se côtoyer sur scène pendant 24 heures 28 danseurs-acteurs-performeurs de quatre générations, des organes de porc, du sang animal, des litres de yaourt, des centaines de fleurs et des kilos de confettis pour un spectacle en 14 chapitres et 5 langues, envoûte les uns quand il horripile les autres. Avec The Fluid Force of Love, celui qui affirme ne jamais avoir la volonté de provoquer mais plutôt celle de stimuler la réflexion, décline toutes les amours et tous les fantasmes, répondant à « l’étiquetage de nos sexualités par un humour débridé et folâtre, proche des Monty Python ». L’ensemble vise à ériger « un éloge à la liberté d’aimer, vitale et insaisissable, comme le fluide nécessaire dont nous sommes tous faits. »

Delphine Baffour