Stéphane Gateau, produire la magie et donner l’envie

Stéphane Gateau : Il s’agit, une fois par an, de mettre en valeur les
meilleurs pièces, acteurs et metteurs en scène sur le service public et en prime
time. Notre rôle est de produire une soirée qui soit la plus intéressante, la
plus divertissante et la plus forte en émotion possible. Nous sommes producteurs
de l’émission depuis l’an dernier, où on fêtait les vingt ans des Molières :
nous avons axé la soirée sur la remise des prix et la commémoration avec
beaucoup de magnétos. Cette année il y aura plus de happenings, de sketches, de
chansons, d’extraits de pièces. Il y a en fait deux émissions en une : la
cérémonie des prix et la fête. La complexité est plus grande que pour la musique
ou le cinéma car tout le monde ne connaît pas le théâtre. Cette difficulté, on
l’assume : on essaie d’amener le téléspectateur à s’accrocher par tout ce qui
entoure la remise des prix. L’émotion ne se prévoit pas : on essaie de la faire
naître mais on ne peut pas la créer artificiellement.

S. G. : Il s’agit de parler du théâtre plus que de le montrer. La grande
difficulté c’est que le théâtre, l’émotion et la force du texte passent très mal
à la télévision : très peu de captations sont aussi fortes que quand on est dans
la salle de spectacle. En outre, les gens qui aiment le théâtre n?aiment pas le
théâtre à la télé et ceux qui n?aiment pas ça ne regardent pas : on est face à
un paradoxe assez difficile à surmonter ! En amont de la soirée, nous produisons
des programmes courts présentant les nommés en une minute trente, pour faire
monter la pression jusqu’au 14 mai. En outre, nous avons un projet plus général
de programmes courts quotidiens donnant l’image de la production française, pour
informer les gens et leur donner envie de sortir et d’aller au théâtre. La
musique a son programme court à la télévision, le cinéma, les livres aussi :
pourquoi pas le théâtre et le spectacle vivant ? Nous voulons ouvrir ce projet
aussi bien sur le théâtre privé que sur le théâtre public, sur les spectacles
joués à Paris comme en province. Nous nous battons pour défendre ce projet de
promotion du théâtre auprès du grand public.

Propos recueillis par Catherine Robert