Romain Leleu, trompette sans frontières

Pour un trompettiste, la donne est différente : nul Beethoven ou Schubert à se mettre sous les doigts. Il faut être curieux : se tourner vers d’autres époques, plus anciennes ou plus proches, adopter ou pratiquer l’art de la transcription. Dès lors, tout un monde s’ouvre. C’est ce vaste panorama que Romain Leleu a choisi depuis toujours d’explorer. Si les concertos classiques de Haydn, Hummel ou Johann Neruda restent incontournables dans le répertoire de l’instrument (il les a enregistrés, avec une aisance remarquable, en 2010, à 27 ans, pour le label Aparté), Romain Leleu suscite régulièrement des partitions nouvelles (dont des concertos de Martin Matalon ou Karol Beffa).

Une alchimie entre deux mondes 

Le 22 avril, il créera, avec Ghislain Leroy au grand orgue de l’Auditorium de Radio France, The Eccentric Concerto de Régis Campo. Le duo trompette et orgue est l’un de ses terrains d’expression favori, entre transcriptions et improvisation ; il le pratiquera également ce mois-ci au côté de ses amis organistes-compositeurs Thierry Escaich (Neuchâtel, 9 avril) et Jean-Baptiste Robin (Le Touquet, 23 avril). Mais Romain Leleu repousse aussi les frontières du répertoire en abordant avec la même intelligence les pages classiques et les musiques populaires – « un équilibre, une alchimie entre deux mondes » dit-il. Depuis plus de dix ans, il s’appuie pour cela sur son propre ensemble, le Romain Leleu Sextet (trompette et quintette à cordes) et les arrangements minutieux et efficaces de son violoniste Manuel Doutrelant. L’album Face(s) à face(s) paru en 2021 chez Harmonia Mundi en est une nouvelle démonstration, qui rassemble Gershwin et Gainsbourg, Ibert et Chaplin. À découvrir sur la scène du Bal Blomet le 12 mai.

Jean-Guillaume Lebrun