La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -139-Nanterre-Amandiers. Saison 2006-2007 L?empreinte théâtrale des passions

Propos recueillis Jean-Paul Wenzel : une réflexion sur la barbarie

Propos recueillis
Jean-Paul Wenzel : une réflexion sur la barbarie - Critique sortie Théâtre

Publié le 10 juin 2006 - N° 139

Jean-Paul Wenzel met en scène Judith ou le corps séparé d’Howard
Barker, reprise du mythe biblique de Judith et d’Holopherne.

« Pour le mythe biblique de Judith, Barker offre une sorte de divagation
autour de l’acte central de la décapitation. La pièce traite de cet acte d’une
barbarie totale devenant singulièrement un acte héroïque. Dans la ville de
Béthulie assiégée par les Assyriens, une jeune veuve, Judith, décide, indignée
par la lâcheté de ses concitoyens qui veulent livrer la ville, de se rendre au
camp du général ennemi païen, Holopherne. Après avoir passé une nuit sous sa
tente sans être déshonorée, elle le décapite. La vue de la tête exposée sur les
remparts de la ville suffit à provoquer la débandade de l’armée assyrienne.

Une écriture poétique aux modernes ruptures de ton

Judith se sent doublement coupable : d’avoir agi pour des motifs personnels
alors qu’elle pensait seulement accomplir sa mission, et d’avoir tué le seul
homme digne d’elle. Elle a été utilisée par Dieu qui ne peut la sauver du
remords. Barker n?est pas un donneur de leçons ; sa force tient à une écriture
poétique aux modernes ruptures de ton, aux jeux de perspective, aux
confrontations d’univers. La pièce fait écho à nos temps incertains, mais ce
n?est pas une démonstration politique. Le personnage d’Holopherne est un barbare
étrange et complexe, un guerrier philosophant sur la mort. Quant à Judith, elle
n?en finit pas de garder son bras suspendu en l’air, bras que tient la servante
et sur laquelle Judith aimerait se décharger de la gloire de son crime. Le mythe
dit que Judith n?accepte d’assumer cet acte irréversible qu’à la condition qu’on
la tue quand elle le voudra. Il est impossible de posséder son propre corps, son
désir et sa mort. »

Propos recueillis par Véronique Hotte

Judith ou le corps séparé, d’Howard Barker, mise en scène de Jean-Paul
Wenzel. Du 9 janvier au 11 février 2007.

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