Entretien Blitz Theatre Group
Comment changer le monde ? Fondée en 2004 [...]
Focus -208-Théâtre Dijon Bourgogne
Critique du salariat contemporain, Call me Chris est aussi un spectacle qui cherche à inventer un mode singulier de narration. Rencontre avec l’une des actrices de cette création collective.
Bien que fragmenté, Call me Chris déroule-t-il un fil directeur ?
Elisabeth Hölzle : Il y a une histoire qui se noue autour du personnage de Benssaïm Fatoui, un homme d’origine immigrée qui se fait appeler Christian Laporte pour vendre du vin par téléphone au sein de l’entreprise WEK. Petit à petit, on suit sa dérive, on comprend qu’il ne fait pas de chiffre et qu’il finit par se faire virer. Mais c’est plus le personnage central que l’histoire qui structure cette pièce, dans le sens où, à l’instar de la personnalité de cet homme errant, tout paraît se déstructurer. Au début, on connaît la fin de l’histoire, et on remonte le temps par bulles successives. Il y a plein de flashs avec des personnages qui gravitent autour de l’histoire de cette figure principale. Le spectacle porte un œil critique, mais pas manichéen, sur le monde du travail. Mais il n’est pas réaliste pour autant. C’est une matière éclatée et très théâtrale, un peu délirante, qui offre beaucoup de matière à jouer.
Votre collectif s’est rencontré autour de Philippe Minyana, dans quelle mesure cela se ressent-il ici ?
E. H. : Aline Reviriaud, Laure Mathis et moi-même avons toutes travaillé d’une manière ou d’une autre avec Minyana. L’écriture d’Aline est aussi influencée par Vinaver et Beckett. Nous avons approché ce texte comme une matière musicale, en effectuant un travail technique avant de penser au sens et aux personnages. La spécificité de notre travail est plutôt que nous sommes trois à mettre en scène pour nous affranchir de ce rapport hiérarchique.
C’est donc un spectacle qui réfléchit également sur la forme théâtrale ?
E. H. : Absolument. Parce que la frontière est souvent poreuse entre les personnages et les comédiens. Mais aussi parce qu’à travers un espace scénique ouvert et une forme éclatée, nous avons expérimenté une manière de raconter par glissements, qui rapproche sans cesse l’univers de la fiction de celui de la réalité.
Propos recueillis par Eric Demey
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