La quête d’un rituel réinventé, par Dalila Belaza
Interprète et partenaire très reconnue auprès [...]
Alice Davazoglou, une jeune chorégraphe porteuse de trisomie 21, que l’on a pu voir dans le touchant portrait De Françoise à Alice de Mickaël Phelippeau, crée Danser Ensemble, un projet d’envergure soutenu par la Caisse des Dépôts, qui transmet son amour de la danse.
Qu’est-ce qui vous a poussée à devenir chorégraphe ?
Alice Davazoglou : À l’origine du projet Danser ensemble, j’ai imaginé de faire danser dix chorégraphes : Gaëlle Bourges, Lou Cantor, Bruce Chiefare, Nathalie Hervé, Marc Lacourt, Bérénice Legrand, Xavier Lot, Béatrice Massin, Mickaël Phelippeau et Alban Richard ! Pour moi c’est important, je suis trisomique et je veux devenir une chorégraphe comme les autres, je veux prouver que c’est possible. Ce sont toujours les personnes valides qui dirigent les personnes en situation de handicap sur le plateau. Pourquoi ne serait-ce pas l’inverse ? Je suis danseuse depuis plus de vingt ans, intermittente du spectacle, et je suis aussi dessinatrice, écrivaine, et maintenant chorégraphe.
Quelle en est la genèse ?
A.D. : J’ai écrit Je suis Alice Davazoglou / Je suis trisomique normale mais ordinaire avec tous les danseurs d’ART 21 « handis » et « non-handis » (ndlr ART 21 est une association qui promeut la pratique artistique en mixité entre personnes avec handicap et personnes dites valides). Dans ce livre, mes dessins forment la « courte danse » qui sert de base à Danser Ensemble. Je les ai retravaillés en associant des « qualités » à chacun des danseurs. Ils constituent, avec une vidéo où je danse la séquence, la partition transmise aux interprètes chorégraphes pour qu’ils l’apprennent. Puis, Thibaut Ras, réalisateur, s’emploie à filmer dix capsules vidéo à Laon, dans des lieux qui me sont chers. Ensuite, ces solos deviennent les fondamentaux d’une version scénique composée de cinq duos que j’ai déjà déterminés. Pour pouvoir diffuser cette pièce dans tous les espaces, il est possible de ne présenter que certains d’entre eux, couplés aux vidéos. C’est une grosse production, avec de nombreux intervenants.
D’où votre demande de mécénat à la Caisse des Dépôts ?
Céline Luc : Ce projet était très important pour nous, et la Caisse des Dépôts a fait en sorte qu’il soit réalisé. La compagnie À ciel ouvert, dont je suis présidente, créée pour Alice, a postulé au même titre que d’autres équipes. C’est le premier projet porté par une personne en situation de handicap, mais Danser Ensemble correspondait totalement à leurs critères. Pour nous c’est aussi une façon de l’inscrire dans une normalité qui demande néanmoins un gros investissement, car la spécificité de cette création, c’est l’indispensable nécessité d’avoir une équipe, notamment une « assistante » – Marion Gabin, puis Mélanie Giffard – qui est sur tous les fronts pour accompagner Alice et faire en sorte que l’aventure se passe bien. Ainsi qu’un bureau d’accompagnement artistique, Les Sémillantes. Donc c’est une production qui n’a rien d’exceptionnel sauf son ampleur et sa gouvernance. La Caisse des Dépôts est en lien avec nous depuis le début.
Comment la Caisse des Dépôts participe-t-elle ?
C.L. : Ils sont surtout très « soutenants », d’abord financièrement, mais ils offrent aussi une vraie richesse, une écoute, un engagement fort dans ce projet. Par exemple, Alice et Mélanie vont s’entretenir avec Bruna Lopes, responsable du mécénat danse, qui fait preuve d’une réelle attention, et va nous orienter, nous guider, nous conseiller. C’est très important pour nous. La Caisse des Dépôts est aussi partenaire d’autres interlocuteurs. Par exemple, j’ai assisté à un webinaire pour nous mettre en lien avec les Instituts Français. Toutes sortes d’outils et de temps d’échanges sont mis à notre disposition. La Caisse des Dépôts n’est pas seulement un mécène qui donne de l’argent puis s’extrait du projet. Bruna et son équipe viendront voir la création en septembre à l’Échangeur… Leur aide dispense quelque chose de profondément humain.
Propos recueillis par Agnès Izrine
L'échangeur, CDCN à Château-Thierry. Le 28 septembre 2024.
Festival Playground / Rencontres chorégraphiques Internationales de Seine-Saint-Denis. Du 18 au 20 novembre 2024.
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