Pour Alice Davazoglou, danser est une forte ambition où se partage l’amour du mouvement
Alice Davazoglou, une jeune chorégraphe [...]
Lumi Sow, à la tête du groupe Sons of Wind, vient de créer sa première grande création, intitulée Bounce. Il met sa danse et son collectif au service du hip-hop freestyle dont il défend ardemment les valeurs et l’héritage.
Comment êtes-vous arrivé à la création de Bounce ?
Lumi Sow : J’ai commencé à danser dans une MJC où j’ai appris les différentes disciplines du hip-hop. J’ai découvert ensuite le monde des battles et je me suis spécialisé dans le hip-hop freestyle, pour sa musique principalement. J’ai rencontré Miguel et Odilon avec qui nous avons fondé le groupe Sons of Wind, et nous avons commencé à beaucoup voyager, à la découverte de la culture de cette gestuelle. Nous avons construit notre nom, participé à des battles, à des compétitions mondiales. Mon premier pas sur scène fut avec Saïdo Lehlouh pour sa création Earthbound. Un monde différent du mien qui m’a intéressé. J’ai beaucoup appris, et en parallèle nous avons commencé à mettre notre style et notre manière de penser en scène. Dans Bounce, nous mélangeons les arts et les compétences de chacun des neuf interprètes, mais tout le monde danse. La musique, que nous avons créée, se joue en live. Dans cette pièce, l’individuel est au service du groupe. Nous nous appuyons sur le rebond dont tous ensemble nous faisons preuve, sur cette capacité à faire ensemble, pour aller plus loin. La deuxième chose, c’est qu’avec cette pièce nous rendons aussi hommage à une de nos fondations qui est le bounce.
Quelle est la démarche de Sons of Wind ?
L.S. : Nous avons d’emblée réfléchi à une manière de penser et d’investir une gestuelle, principalement celle des années 90, très inspirante pour nous. Je suis un enfant des années 2000, nourri par toute cette richesse musicale et ces clips. Nous avons voulu mettre en forme un mélange, créer un pont entre le passé, le présent et le futur. Aussi, nous avons pensé une philosophie de cet élément qui est le vent, wind, parce qu’il est intemporel, qu’il prend différentes formes, qu’il peut apaiser ou tourmenter. Cela permet d’explorer différents états de corps. Finalement, nous ne sommes pas un groupe de danse, mais un groupe culturel : on fait de la musique, on mixe, on dessine, on rape… le tout au service de la danse. J’aime bien dire que nous sommes en résidence tous les jours, parce qu’on vit ensemble, qu’on se blesse ensemble et qu’on se relève ensemble. C’est de là que naît l’idée du spectacle Bounce, qui signifie rebondir. Dans le groupe nous sommes passés de 3 personnes au départ à 21 aujourd’hui.
Comment appréciez-vous le fait d’être devenu chorégraphe ?
L.S. : C’est la première fois que je produis un long format. Je n’avais jamais créé pour la scène, ce qui implique d’autres codes. J’ai beaucoup écouté Saïdo Lehlouh, ainsi que d’autres directeurs et chorégraphes. Ils m’ont donné des clés, ouvert le regard. Avant, on travaillait avec notre intuition issue de la culture underground, héritée de nos aînés. Le hip-hop freestyle est une danse de l’instinct et de l’instant qui nécessite un long travail en amont. L’enjeu est de mettre en avant notre gestuelle, de défendre ses valeurs et son esthétique, sa musique, ses outils. Cela au-delà même de la scène, puisqu’elle est au cœur de nos activités de formation, dans les stages ou les workshops.
Quels sont vos soutiens ?
L.S. : Suite à un projet de la ville, j’ai rencontré les équipes du Théâtre Louis Aragon de Tremblay-en-France, qui nous ont proposé une coproduction. Ensuite le Centre Chorégraphique de Rennes nous a rejoints. Il y a environ six mois, nous avons postulé à l’appel à projet de la Caisse des Dépôts. Ce qui est génial, c’est que leur soutien n’est pas seulement financier. Il y a un véritable suivi, ils s’intéressent au projet et surtout ils sont convaincus. Ils viennent nous voir, proposent des formations pour nous aider à nous structurer. Nous restons attachés à notre manière de vivre, connectés à ce qu’on défend, qui n’est pas seulement une danse, mais toute une culture. Nous poursuivons un héritage, en reliant le passé et le présent.
Entretien réalisé par Louise Chevillard
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