La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -302-Chaillot – Théâtre national de la Danse : une saison de fabuleuses expériences humaines et artistiques

Navy Blue d’Oona Doherty

Navy Blue d’Oona Doherty - Critique sortie  Paris Chaillot - Théâtre national de la danse
Navy Blue d’Oona Doherty © Ghislain Mirat

OONA DOHERTY

Publié le 22 août 2022 - N° 302

La chorégraphe irlandaise Oona Doherty ouvre de nouveaux champs d’exploration avec cette pièce, où douze interprètes traversent une histoire en trois actes qui transforme leur rapport à la danse.

Pourquoi avoir choisi douze danseurs ? Ce grand nombre a-t-il ouvert de nouvelles possibilités ?

Oona Doherty : Oui, c’était un challenge pour moi car je ne l’avais jamais fait, à l’exception d’un travail avec un groupe d’adolescentes. Lorsque l’on fait des choses avec un grand groupe, que l’on travaille l’unisson, c’est presque un cadeau pour le public qui reçoit la force cinétique de cet unisson. Mais quand vous êtes danseur dans un grand groupe à l’unisson, c’est beaucoup de sacrifices et de compromis. C’est ce qui m’a intéressée en termes de communauté et de politique.

« La pièce pourrait être une sorte de ballet meurtrier à la Tarantino. »

Vous employez le mot « ballet » pour décrire Navy Blue. Qu’est-ce que cela recouvre ?

O.D. : J’emploie le mot ballet parce que j’utilise aussi le langage du ballet – « ronds de jambes », « tendu », « soutenu ». Nous travaillons beaucoup sur ces motifs particuliers et sur la musicalité. Mais le ballet représente aussi une histoire. Le premier acte est vraiment la partie la plus en relation avec une forme de ballet des années 80. Nous dansons au bénéfice de la forme, qui a peut-être pour conséquence une émotion.

De quoi les trois actes sont-ils constitués ?

O.D. : Je suis d’abord passée par différentes étapes de réflexion, jusqu’à penser que la pièce pourrait être une sorte de ballet meurtrier à la Tarantino. La première partie travaille sur des motifs, des unissons, la musicalité… Cette sorte de vocabulaire qui représente un peu le passé, mais aussi mon passé de danseuse. Cela représente aussi une façon d’être presque militaire. Quand on voit la façon dont les danseurs traitent leurs corps pour exceller dans ce type de travail, cela peut donner une bonne représentation de ce qu’est le monde. Mais tout cela est teinté de beaucoup de crainte, qui n’est pas ce que l’on ressent habituellement dans un ballet flamboyant. Dans le deuxième acte, quelque chose de terrible arrive… Et dans le troisième, ils revivent, en essayant de danser simplement, à partir des émotions qu’ils ressentent réellement.

Quelle est l’importance de cette couleur bleue dans la pièce ?

O.D. : La couleur vient d’abord des costumes. Je me souviens d’une grande exposition où Ann Hamilton a présenté Indigo blue, fait avec des centaines de ces costumes bleus, des vestes de travail qui formaient une montagne devant laquelle était posé un manuel militaire que les gens venaient effacer. La marine a une grande histoire avec le bleu, mas il existe de nombreuses autres références, jusqu’à récemment où ce type de costumes est redevenu à la mode chez les hipsters. C’est aussi une couleur intéressante à cause du ciel, de l’océan, de la pureté et de l’espoir.

Propos recueillis par Nathalie Yokel

A propos de l'événement

Navy Blue d’Oona Doherty
du jeudi 22 septembre 2022 au samedi 1 octobre 2022
Chaillot - Théâtre national de la danse
1 place du Trocadéro, 75016 Paris.

Tél. 01 53 65 30 00.

www.theatre-chaillot.fr

 

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