La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -231-FESTIVAL DE SAINT~DENIS 2015

Messe en ut, entre l’esprit et le cœur

Messe en ut, entre l’esprit et le cœur - Critique sortie Classique / Opéra saint denis
Photo ©Festival de Saint-Denis

MESSE EN UT / BASILIQUE / Raphaël Pichon

Publié le 25 mars 2015 - N° 231

L’ensemble Pygmalion et son jeune (30 ans) directeur musical, découverts dans Bach, puis acclamés dans Rameau au Festival de Beaune et à l’Opéra de Versailles, ressurgissent dans Mozart, invités d’un festival où ils sont déjà accueillis en amis fidèles. Raphaël Pichon dirige la Messe en ut, inachevée comme le Requiem à venir dont elle est si proche, à la tête d’une distribution juvénile et éclatante : Sabine Devieilhe (soprano), Marianne Crebassa (mezzo-soprano), Samuel Boden (ténor), Florian Sempey (baryton).  Toute la jeunesse de Mozart…

Quelle est votre vision de la Messe en ut ?

R. P. : Les origines de la Messe en ut sont multiples : elle est tout d’abord le fruit d’une promesse faite à son père d’écrire une œuvre sacrée « d’action de grâces », afin de remercier Dieu d’avoir guéri sa future femme Constance. En cela, elle est une vraie déclaration d’amour à Constance, qui créa elle-même la partie de première soprano, centrale dans la messe. Elle est aussi un exutoire inédit pour Mozart : il sublime dans cette messe l’influence récente des œuvres de Bach et Haendel qu’il a découvertes. Cette messe attend donc des musiciens que nous sommes de trouver un équilibre entre l’esprit et le cœur. C’est une œuvre incroyablement pensée et construite, mais qui doit avant tout nous toucher droit au cœur, bien qu’inachevée.

« C’est une œuvre incroyablement pensée et construite, mais qui doit avant tout nous toucher droit au cœur. »

Cette œuvre accorde une place particulière au rôle de la soprano que chantera la jeune Sabine Devieilhe sous votre direction…

R. P. : La partie soliste de premier soprano est effectivement l’un des sommets sacrés de Mozart ! Comme un cadeau adressé à sa future femme Constance. Cette partie, notamment dans ce qui représente le cœur de la messe, le célèbre « Et incarnatus est », exige là encore une incroyable agilité dans les suraigus conjuguée à une ligne de chant infinie. C’est une des pages les plus fascinantes de toute l’œuvre de Mozart, qui mêle subtilement rhétorique du mystère lié à l’incarnation et une réelle déclaration d’amour. Sabine Devieilhe possède plus que toute autre les plus hautes qualités musicales et vocales permettant de révéler cette musique inouïe.

En tant qu’interprète, faut-il se laisser emporter par l’atmosphère d’un lieu aussi évocateur que la Basilique?

R. P. : La Basilique Saint-Denis est un lieu empreint d’histoire, un véritable vaisseau qui nous inspire, mais qui est également et avant tout extrêmement délicat à apprivoiser acoustiquement ! En effet, la réverbération très longue et l’imposante profondeur de sa nef nous engagent à nous concentrer particulièrement sur notre projection et donc notre jeu, notre disposition, notre façon de penser certains tempi, etc. C’est ce travail qui devient primordial afin de proposer au public une écoute convaincante. C’est un lieu propice à l’inspiration pour chacun de nous, mais un lieu qui nous impose un véritable défi !

 

Propos recueillis par Jean Lukas.

A propos de l'événement

Messe en ut, entre l’esprit et le cœur
du jeudi 18 juin 2015 au jeudi 18 juin 2015


Jeudi 18 juin à 20h30.

Festival de Saint-Denis, rue de la Légion d’Honneur, 93200 Saint-Denis. Du 4 juin au 2 juillet 2015. Tél : 01 48 13 06 07.

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