Magali Mougel, lauréate du Grand Prix de littérature dramatique 2024 avec « Lichen », rencontre

« Étant une autrice qui revendique, avant toute chose, d’écrire de la poésie dramatique, je suis très honorée de recevoir ce prix. Je suis venue à l’écriture très tôt. Lorsqu’on ne trouve pas sa place dans le monde tel qu’il est, on essaie de trouver des outils pour être un peu plus en accord avec ce qui nous entoure. L’écriture est devenue, pour moi, l’un de ces outils. Je suis une personne extrêmement inquiète, obsédée par tout ce qui dysfonctionne autour de moi. Les sujets de mes textes viennent de mon quotidien, des choses de notre société qui me touchent. Ainsi, Lichen est né d’une concertation citoyenne sur la réhabilitation d’un ilot, à laquelle j’ai assisté, dans le bassin minier du Pas-de-Calais.

Faire récit de nos assignations

La façon dont s’est passée cette concertation, le sentiment d’impuissance face aux décisions prises par des instances politiques, des urbanistes, des architectes m’ont interpellée. Cette manière de considérer l’individu comme une variable d’ajustement m’a paru folle ! Mes textes sont construits comme des partitions rythmiques. La langue qui les constitue cherche à rendre compte de la façon dont la réalité m’impacte. Je cherche toujours à transmettre un souffle aux actrices et aux acteurs pour qu’ils puissent éclairer des situations qui viennent nous modifier, en bien ou en mal. Je crois à la force de la parole théâtrale. Elle peut vraiment nous faire bouger. Quand j’écris, j’essaie de faire émerger de la conscience politique. En faisant récit de nos assignations, une émancipation est possible. »

Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat