La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

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LUCA RONCONI

LUCA RONCONI - Critique sortie Théâtre

Publié le 10 juin 2010

LE RESPECT DE LA MORT

LUCA RONCONI MET EN SCENE GIUSTO LA FINE DEL MONDO DE JEAN-LUC LAGARCE DANS LA TRADUCTION DE FRANCO QUADRI, EXPLORANT LA MAGNIFICENCE INTERIEURE DE L’ETRE EN SOUFFRANCE.

« La mise en scène diffère de mes travaux habituels. » Luca Ronconi
 
Pourquoi choisir de monter cette pièce française dans sa traduction italienne ?
Luca Ronconi : D’habitude, quand l’Italie est l’hôte de la France, elle importe des pièces de son cru, Pirandello et autres auteurs. Ce qui est inhabituel, c’est qu’il s’agit d’une pièce française de Jean-Luc Lagarce, traduite en italien et jouée par des acteurs italiens. Le type de jeu italien diffère du jeu français. J’ai vu au Français la mise en scène de Michel Raskine, une représentation émouvante et gorgée d’amour.
 
Qu’avez-vous choisi d’en éclairer ?
L. R. : Juste la fin du monde fait l’examen de l’attente de la mort et du respect qu’implique cet événement tragique. La qualité de cette attente n’est pas teintée de deuil, ni sinistre, ni cynique : la mort fait partie de la vie. À la limite, il n’est même pas possible d’en parler. Si Louis, le personnage principal de la pièce, ne fait pas l’aveu à sa famille de sa mort prochaine, ce n’est pas en raison de la déception qu’impliqueraient les relations familiales. Mais le très grand respect, et non la crainte, qui entoure la mort, provoque la réticence même à la dire. Une posture de retrait élégante.
 
En quoi la pièce vous touche-t-elle ?
L. R. : Ce qui me retient, c’est le thème et la parole théâtrale particulière à ce dramaturge français qui se révèle assez proche de la langue que nous parlons en Italie. Ce qui est notable chez Lagarce, c’est ce décalage entre l’image mentale et sa traduction dans le langage parlé, l’écart insaisissable entre les deux. Cet interstice entre ce que l’on veut dire et ce que nous disons est présent dans la conscience du locuteur italien. La mise en scène diffère de mes travaux habituels, elle est plutôt statique, sans scénographie spectaculaire. Le jeu des acteurs repose sur la violence intérieure.

Propos recueillis par Véronique Hotte


Giusto la fine del mondo, de Jean-Luc Lagarce ; version italienne de Franco Quadri ; mise en scène de Luca Ronconi. Les 23 et 24 juin à 20h30 au Théâtre de la Ville.

A propos de l'événement



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