Une foisonnante saison jazz en 21/22
Les Gémeaux font chaque saison une belle [...]
Focus -292-Les Gémeaux à Sceaux
Artiste associé aux Gémeaux, Mickaël le Mer y présente, outre Melting Three en collaboration avec Anne Paceo, sa nouvelle création Les Yeux Fermés inspirée de l’outrenoir de Soulages.
Les Yeux Fermés vous a été inspiré par Pierre Soulages. Qu’est-ce qui vous séduit dans son œuvre ?
Mickaël le Mer : Mon intérêt pour Soulages tient de l’intime. J’ai perdu mon père assez brutalement en novembre 2019 alors que j’étais en pleine création. Enchaîner les résidences m’a permis d’avoir la tête occupée, mais quand sont venus le mois de janvier et son manque de lumière, je me suis senti glisser, perdre le moral. Puis, alors que j’avais du mal à accepter ce deuil est arrivé le confinement, qui a ajouté à mon mal-être. Pendant cette période je suis tombé sur un documentaire sur Pierre Soulages. Ça a été un choc. Même à travers des vidéos son œuvre m’a bouleversé. J’ai vu un message d’espoir dans sa façon de travailler le noir et d’en faire ressortir la lumière. Du noir dans lequel je me sentais plongé pouvait donc rejaillir la lumière, le goût de la vie. J’y ai ensuite trouvé un très beau prétexte à la création.
Que retrouvera-t-on sur scène de l’œuvre de Soulages ?
M.l.M. : Ombre et lumière font partie des mots clés des Yeux Fermés. Comment les corps se déplacent-ils, interagissent-ils dans l’ombre ou la lumière ? La première semaine de travail s’est faite avec le scénographe, le compositeur et le régisseur lumières pour construire un univers dans lequel plonger les danseurs. Nous avons réalisé tout un travail scénographique sur le noir mat, le noir brillant, le reflet. Lorsque nous sommes allés au Musée Soulages à Rodez, j’ai été frappé par le fait qu’on ne peut pas rester statique devant ces toiles. Elles mettent le corps et le regard du spectateur en jeu. Cela m’a interpellé et nous avons essayé de trouver des moyens de proposer au public différents points de vue. Enfin, nous avons aussi travaillé sur la contradiction. Nous mélangeons par exemple agressivité et douceur pour créer une ambiguïté. C’est ce que je ressens face aux toiles de Soulages, parfois la lumière prend le dessus et parfois c’est le noir, il y a un jeu subtil entre deux choses opposées.
Vous revenez avec cette pièce à un mouvement ancré au sol alors que votre gestuelle est habituellement très aérienne. Pourquoi ?
M.l.M. : Pour mes trois dernières créations j’ai demandé aux breakeuses et breakeurs avec lesquels je travaillais d’enlever leurs baskets. En chaussettes, leurs appuis se sont trouvés totalement modifiés. Cela a provoqué des mouvements glissés, quelque chose d’aérien. Mais là j’ai eu besoin de retrouver de l’ancrage. Les danseurs sont pieds nus. Cela permet de retrouver cet ancrage et à la lumière de se réfléchir sur leur peau.
Propos recueillis par Delphine Baffour
à 20h45
Melting Three, le 14 avril à 20h45.
Tél : 01 46 61 36 67. www.lesgemeaux.com
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