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Focus -146-Peniche

Les talents pluriels d’Ophélie Gaillard

Les talents pluriels d’Ophélie Gaillard - Critique sortie Classique / Opéra

Publié le 10 mai 2007

La Péniche Opéra offre une carte blanche en trois soirées à la jeune
violoncelliste franco-suisse.

« Je préfère ouvrir les fenêtres plutôt que de les fermer ». Par cette
métaphore, Ophélie Gaillard affiche d’emblée la diversité de ses goûts
artistiques, dont témoigne clairement le programme de sa carte blanche à la
Péniche Opéra. Après son prix au Conservatoire de Paris, la violoncelliste
aurait pu se contenter d’une carrière « traditionnelle », partagée entre
l’orchestre et l’enseignement. Mais Ophélie préfère opter pour des sentiers plus
aventureux. Elle se passionne ainsi pour la période baroque, qui a vu,
rappelle-t-elle, « la révolution de la place sociale du violoncelliste.
Celui-ci passe, en l’espace de soixante ans, du rang d’instrumentiste roturier
destiné à l’accompagnement à celui de véritable musicien soliste »
. Le thème
de la première carte blanche confrontera les styles français et italien des
XVIIème et XVIIIème siècles en mêlant des ?uvres de Gabrieli, Vivaldi, Corrette
et Jean Barrière. Ophélie Gaillard sera entourée des musiciens de Pulcinella,
l’ensemble qu’elle a créé en 2005. Une formation de plus dans l’univers
baroqueux ? « Pulcinella a sa propre marque de fabrique, précise la
violoncelliste, il n?y a pas de chef et nous ne sommes qu’un instrumentiste
par partie. Nous pouvons ainsi garder la liberté musicale propre à l’esprit de
la musique de chambre »
. C’est également la facette chambriste d’Ophélie
Gaillard que l’auditeur de la Péniche pourra découvrir lors de la deuxième carte
blanche. Les ?uvres pour violoncelle et piano de Schubert, Schumann et Brahms
inviteront à une plongée dans le romantisme germanique. D’autant qu’Ophélie
Gaillard a souhaité y insérer des lectures, comme celles de la correspondance
entre Robert et Clara Schumann ou des poèmes de Rilke. « Je n?ai pas cherché
à respecter une chronologie dans ces échanges entre musique et littérature, mais
j’ai préféré mettre en lumière des affinités électives »
, souligne la
violoncelliste.

Créations contemporaines

La dernière carte blanche fera entendre des partitions du XXème siècle qui
ont toutes en commun d’avoir été écrites pour violoncelle seul. « Ce
programme solo n?est pas une démarche narcissique, mais un moyen d’être
totalement libre »
, observe Ophélie Gaillard, avant de remarquer que « le
musicien doit être comme un vitrail, magnifiant la musique qui le traverse »
.
Au-delà des ?uvres de Britten et Berio, la violoncelliste proposera des pièces
de compositeurs contemporains, et notamment une création de Pierre Bartholomée.
Ophélie Gaillard le concède sans détour : « Je ne suis pas une
ultra-moderniste. Dans les ?uvres néo-classiques, il y a à la fois un plaisir
concret du jeu et des qualités affectives. »
Il n?est donc pas étonnant que
Pascal Zavaro compte prochainement composer pour elle. Mais d’ici là, la
violoncelliste aura encore entrepris mille autres projets, en particulier avec
des comédiens et des mimes. En décrivant l’esprit de la Péniche Opéra, Ophélie
Gaillard semble en fait se définir elle-même : « un lieu libre et informel,
courageux et inventif ».

Antoine Pecqueur

Carte blanche à Ophélie Gaillard. Les 3, 4 et 5 mai à 20h30.

A propos de l'événement



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