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Focus -291-Le Théâtre national de Nice, coeur battant qui irrigue notre présent
Le TNN est une maison qui vit : pendant notre rencontre une ribambelle d’enfants a fait irruption dans le bureau de Muriel Mayette-Holtz, élèves enthousiastes de l’école À voix haute du théâtre, âgés de 6 à 12 ans. Développer l’accès à l’art, c’est l’un des éléments du projet ambitieux de la directrice des lieux…
Comment envisagez-vous cette nouvelle saison ?
Muriel Mayette-Holtz : Même si j’ai été nommée en novembre 2019, cette saison qui s’annonce est de fait ma première saison. Elle est programmée dans divers lieux, dont Les Franciscains, ancienne église du XIIIe siècle, et des salles hors les murs. En compagnie de la troupe talentueuse du TNN*, ma première création est consacrée à Goldoni, qui s’inscrit pleinement dans mon projet. Je souhaite en effet éclairer au Théâtre national de Nice le répertoire ancien et contemporain de l’Europe de la Méditerranée, mettre en œuvre un voyage autour de grands textes de France, d’Italie, d’Espagne, de Grèce… Par son histoire et sa géographie, Nice est proche de l’Italie, et mettre en scène un texte de Goldoni a du sens, d’autant que ce texte explore de manière profonde les thèmes de la jalousie et la liberté féminine. Si les écritures du passé traversent les siècles, c’est parce qu’elles demeurent d’une modernité extraordinaire. Le théâtre libère toujours une part d’inconnu : quand le rideau s’ouvre, le spectacle emmène ailleurs, il déplace, surprend.
Quelles sont vos ambitions pour le public ?
M.M.-H. : J’aime la soif de rêves et d’histoires du public, mais il faut reconnaître que ce n’est pas si simple de trouver spontanément le chemin du théâtre. C’est pourquoi je m’emploie à le rendre accessible en étant pédagogique, afin qu’il devienne un repère fort au cœur de la ville. Nous avons mis en place toutes sortes d’actions qui ont permis de faire résonner le répertoire dans notre présent. Nous avons par exemple organisé le dimanche à 11h le procès de personnages célèbres en compagnie d’un acteur ou d’une actrice et d’un ou une avocat(e). Médée, Lady Macbeth, Richard III… : le public prononçait le verdict suite à de passionnantes plaidoiries. Pendant l’été, nous avons proposé des Contes d’apéro à déguster gratuitement à 19h au Kiosque du théâtre. Après Lettres à… Nour et Lettres à… mon père, nous poursuivons notre projet auprès des jeunes avec Lettres à… mon amour avec l’auteur Christophe Ono-dit-Biot. Près de 700 élèves participent. La mise à distance et l’appel à l’imaginaire que suscite l’écriture – comme le théâtre – laissent émerger des sentiments bouleversants.
Pourquoi avoir choisi Goldoni ? Quelles sont les autres créations que vous présentez ?
M.M.-H. : Goldoni est un auteur profond et subtil, loin des stéréotypes. D’une grande richesse, les personnages de la trilogie Les aventures de Zelinda et Lindoro poursuivent une idée fallacieuse du bonheur, extérieure à eux-mêmes ; ils sont enfermés dans leur aveuglement et leurs tourments. Goldoni a abandonné la commedia dell’arte pour une forme de réalisme. Comme dans la vraie vie, il se passe une foule de petites choses qui peuvent engendrer du malheur ou du bonheur. Deux de mes anciens élèves, Félicien Juttner et Joséphine de Meaux, interprètent le couple, accompagnés par deux acteurs du Théâtre de Liège, Charlie Dupont et Tania Garbarski, et par les comédiens de la troupe du Théâtre. Autre comédie particulièrement délirante et hilarante, Chat en poche de Feydeau s’appuie sur des quiproquos qui entraînent la folie. Je mets aussi en scène Le sourire de Darwin conçu par Isabella Rossellini. Et je suis heureuse de retrouver et de présenter au public niçois Bérénice, sublime tragédie où se joue la mort douloureuse du cœur au profit du devoir. La musique des alexandrins y fait entendre d’extraordinaires lapsus. Il est fondamental de visiter nos chagrins et nos peurs : la tragédie les exprime magnifiquement et les met à distance. Plus nos vies sont compliquées, moins pour se protéger nous ouvrons notre cœur et notre âme. Or la création sert cette ouverture, elle est un rendez-vous avec l’autre et avec nous-mêmes…
*Les comédiens Augustin Bouchacourt, Frédéric de Goldfiem, Jonathan Gensburger, Pauline Huriet, Thibaut Kuttler, Ève Pereur, Ahmed Fattat et le musicien François Barucco.
Propos recueillis par Agnès Santi
partie II du 16 au 22, partie III du 17 au 23, intégrale le 18.
Chat en Poche du 28 au 31 décembre 2021.
Bérénice du 2 au 10 février 2022.
Le Sourire de Darwin, du 26 au 30 avril 2022.
Tél : 04 93 13 90 90.
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