Au cœur de l’URSS de Staline, une pièce où l’on rit aux larmes, où un suicide annoncé devient hymne à la dignité et la liberté individuelles.
« Le Suicidé de Nikolaï Erdman s’est imposé à moi comme la vision parfaite de la notion de "grotesque" : une certaine manière de voir la vie, de résister malgré tout, avec humour mais sans naïveté. » C’est ainsi que Volodia Serre, qui a obtenu le prix Théâtre 13 – jeune metteur en scène avec ce spectacle, dépeint la pièce de Nikolai Erdman (1900-1970), cauchemar délirant, farcesque et féroce. Ecrite en 1928, représentée lors d’une générale une seule fois dans une mise en scène de Meyerhold avant d’être aussitôt interdite par les bureaucrates staliniens, elle débute par un quiproquo absurde, aux conséquences redoutables. Sémione Sémionovitch, sans emploi, est déclaré à son insu par ses proches candidat au suicide. L’un des colocataires a l’idée de mettre le futur suicide aux enchères. C’est alors que défilent tous ceux qui souhaitent que Sémione se suicide en leur nom : intelligentsia opprimée, petits commerçants ruinés, etc. Les torts à redresser sont légions, on n’en doute pas. La mort annoncée devient hymne à la vie et la dignité, dans un univers à la fois loufoque et profond, désenchanté et avide de résistance.
Le Suicidé de Nikolaï Erdman mise en scène Volodia Serre, le 24 octobre à 21H.