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Le Quatuor Elmire : Beethoven and beyond

Le Quatuor Elmire : Beethoven and beyond - Critique sortie
Légende : Le Quatuor Elmire Crédit : Amaury Viduvier

Artiste Génération Spedidam

Publié le 20 décembre 2023 - N° 317

Entre un programme mettant en miroir Beethoven et Webern, et un projet autour des Quatuors Razumovsky, le Quatuor Elmire renouvelle le regard sur le répertoire, et n’hésite pas expérimenter de nouveaux formats de concert pour rendre accessible à de nouveaux publics l’exigence de la musique de chambre.

Depuis sa formation en 2017, le Quatuor Elmire a manifesté, dès ses débuts, une envie de dépasser les clivages entre les répertoires, « de relier les œuvres entre elles et de faire voyager l’auditeur dans un élan immersif qui ouvre d’autres horizons au-delà des grands classiques », comme l’illustre le concert du 13 octobre dernier lors du festival Aux armes contemporains à La Scala Paris, où l’ensemble avait interprété Dusapin, Dutilleux, Reich et une commande passée à Héloïse Werner. Ainsi, le programme avec lequel la formation  ouvre l’année, à la Fondation Singer-Polignac où elle est en résidence, puis à l’Opéra de Francfort, fait-il dialoguer la première École de Vienne avec la Seconde, le Neuvième Quatuor en do majeur op. 59 n°3 – le dernier d’un triptyque dédié au prince Razumovsky – et le Seizième, en fa majeur op. 135 de Beethoven avec le Langsamer Satz et les Six Bagatelles op. 9 de Webern. « Plus encore que dans les autres quatuors de Beethoven, le dernier se révèle précurseur dans l’écriture, par exemple sur les palettes sonores, ou sur la concision que l’on retrouve un siècle plus tard. Dans l’opus 135, on a l’impression d’être confrontés aux mêmes questions de jeu que dans les Bagatelles de Webern ». Pour les trente ans des Folles journées de Nantes, où ils se sont déjà produits à deux reprises, les Elmire associeront Webern et Schumann aux côtés du pianiste Abdel Rahman El Bacha, et seront à l’affiche des Sept dernières paroles du Christ en croix de Haydn, dont la version pour quatuor à cordes fait éclater les codes usuels du genre, comme, trois décennies plus tard, Beethoven le fera avec son opus 131.

Élan immersif et goût du partage sans frontières

Beethoven constitue une sorte de fil rouge du début de l’année 2024 pour le Quatuor Elmire. Si le compositeur allemand est mis au programme des concerts de Compiègne le 10 février, dans un face à face entre le classicisme viennois également illustré par Haydn et l’Espagne de Turina et Granados, et à la Salle Cortot le 17 dans un doublé plus traditionnel avec Mozart, ses trois Quatuors Razumovsky forment le cœur d’un spectacle créé le 10 mars à Bienne, en Suisse. Dans la continuité du concours de Genève où ils avaient été récompensés par le prix spécial de la Fondation Etrillard décerné au projet artistique le plus remarquable pour leur travail autour de ce cycle, Beyond the limits fait résonner celui-ci avec le Testament d’Heiligenstadt, une lettre restée secrète du vivant de Beethoven dans laquelle le musicien – qui menait également une carrière de pianiste soliste – témoignait de sa détresse face aux progrès inexorables de sa surdité qui menaçaient autant sa carrière artistique que sa vie sociale. Beethoven a vaincu cette crise par la fécondité créatrice de ce que l’on appelle sa période « Héroïque » qui s’ouvre avec la Troisième Symphonie connue sous ce surnom et culmine avec la Cinquième et les Quatuors Razumovsky. « À travers cette mise en écho de l’œuvre de Beethoven avec sa surdité, s’exprime une manière de parler du handicap et de toucher des nouveaux publics, des personnes qui ne viennent pas habituellement au concert. » Enfin, lors du concert du 25 mars à la Salle Cortot avec les Modigliani, auprès desquels ils s’étaient perfectionnés, les quatre musiciens célébreront la transmission, dans une affirmation pour le goût du partage qui constitue l’un des traits de caractère du Quatuor Elmire.

 

Gilles Charlassier

 

A propos de l'événement

Le Quatuor Elmire
du jeudi 18 janvier 2024 au lundi 25 mars 2024


Beethoven, Webern, le 18 janvier à 20 heures à la Fondation Singer-Polignac, Paris et le 25 janvier à 20 heures à l'Opéra de Francfort ;

Les Sept dernières paroles du Christ en croix le 3 février à 20h15 et Webern, Schumann le 4 février à 13h15 à  la Folle Journée de Nantes ;

Haydn, Beethoven, Turina, Granados le 10 février à 18 heures et 20 heures au Château de Compiègne ;

Mozart, Beethoven le 17 février à 12h30 à la Salle Cortot ;

Les trois Quatuors Razumovsky le 10 mars à 20 heures à la Farelhaus à Bienne ;

concert avec le Quatuor Modigliani le 25 mars à la Salle Cortot.

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