Le Concert Impromptu, la musique au cœur du spectacle vivant

Comment définiriez-vous la singularité de la démarche artistique du Concert Impromptu ?

Violaine Dufès : Le Concert Impromptu s’est donné pour mission de faire redécouvrir le répertoire pour quintette à vents, qui a connu un âge d’or au début du XXe siècle. Mais surtout, l’ensemble s’engage depuis ses débuts dans la création par sa démarche transdisciplinaire avec des « cross-operas », véritables spectacles qui remettent la musique au cœur du spectacle vivant – le musicien joue par cœur, en mouvement, chante, parle. Depuis dix ans, nous mettons plus particulièrement en avant l’écriture au féminin.

Par quels rendez-vous de la prochaine saison cela se traduit-il ?

V.D. : Au premier semestre 2024, la sortie d’un disque monographique consacré à Michèle Reverdy, avec des pièces allant du solo au quintette, offre un condensé de ses trente dernières années de carrière et inclut une nouvelle commande pour basson seul, hommage à une personnalité qui a fait l’Histoire et contribué à libérer la visibilité des compositrices. Nous accompagnons aussi la nouvelle génération. Nous reprendrons en novembre et décembre un spectacle jeune public créé cette année, La Morsure de la Limace, pour lequel Manon Lepauvre a écrit la musique. Et nous préparons pour 2024-2025 Shahnahmeh, un projet immersif autour du Livre des Rois, épopée du poète persan Ferdowsi, avec la compositrice iranienne Golfam Khayam, sous la forme d’un conte musical avec mise en scène, vidéos et lumières.

« Le Concert impromptu s’attache à rencontrer tous les publics. »

Quelle importance accordez-vous aux hybridations entre les formes et les genres ?

V.D.: L’exotisme nourrit l’imaginaire collectif et fait voyager. En novembre, huit musiciens du groupe de Java Simpay Panaratas nous rejoindront pendant deux semaines pour un métissage entre Debussy et Rameau avec le gamelan traditionnel. Chronomètres, avec le comédien Benoît Dallongeville, sera créé en février 2024 dans un gymnase et tournera dans des festivals, des établissements scolaires et des centres du Samu Social jusqu’aux Jeux Olympiques. Cette fable autour du temps et de la performance fait un parallèle parfois humoristique entre le sportif et le musicien. C’est un projet conçu en coordination étroite avec des actions culturelles et pédagogiques, entre autres dans les collèges et lycées ainsi que les conservatoires.

Comment se développe votre travail de médiation et d’élargissement des publics?

V.D. : Si le quintette à vents peut rappeler l’image populaire des fanfares, il est associé également à des pages comme Le Carnaval des animaux ou Pierre et le loup,  souvent liées aux premiers apprentissages musicaux. En explorant les timbres, on fait découvrir les ressources de notre formation. Le Concert impromptu s’attache à rencontrer tous les publics. Les partenariats avec les conservatoires et les hautes écoles de musique permettent de mettre l’accent sur la transmission de l’émotion musicale, avec des ateliers et des formations autour de thèmes comme développer sa personnalité artistique, devenir un interprète créatif, appréhender les langages de la scène. La puissance expressive, qui guide aussi nos choix dans la création contemporaine, est le maître-mot de la rencontre avec la musique.

Propos recueillis par Gilles Charlassier