« Le Carnaval des Animaux… / Petrouchka ou le choix d’Holubichka », par Émilie Lalande

« Aujourd’hui, je n’arrive plus à créer de pièces qui ne fassent pas sens ou qui n’aient pas un fond en relation avec notre société. Parler d’écologie me paraît primordial, qu’il s’agisse de la disparition des espèces, comme dans Le Carnaval des Animaux… ou de la surconsommation massive, comme dans Petrouchka ou le choix d’Holubichka. Pour Le Carnaval des Animaux, il me semblait indispensable de réenchanter le rapport entre les humains et les animaux en apprenant à cohabiter harmonieusement. Grâce à une astuce scénographique, ce Carnaval est un voyage autour du monde. La musique est pour moi une source d’inspiration capitale. Pour ce spectacle, j’ai par exemple pioché dans le répertoire de Camille Saint-Saëns.

Le choix entre accumulation et frugalité

Pour Petrouchka, j’ai gardé l’intégralité de la partition de Stravinsky. J’aime également détourner des objets. C’est pourquoi la scénographie est tout en papier et carton recyclés. La surconsommation est représentée par des mannequins dans des vitrines. J’ai voulu imaginer un futur où des top-modèles robotisés pourraient, non pas avoir une âme mais, à l’époque de l’IA, nous échapper. Chaque marionnette semble sortir d’un livre pop-up géant. Il y a cinq danseurs et une danseuse. Cette dernière est amenée à choisir entre un Petrouchka, qui est tourné vers la nature, ou le Maure, qui représente le pouvoir et l’argent. Elle est tiraillée entre un désir d’accumulation et le retour à une frugalité. Comme elle, nous avons tous le choix entre ces deux modes de vie. »

Propos recueillis par Agnès Izrine