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"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -297-Focus Safra’Numériques - Édition six

L’art numérique au-delà des fractures, rencontre avec Ikbal Ben Kalfallah

L’art numérique au-delà des fractures, rencontre avec Ikbal Ben Kalfallah - Critique sortie  Amiens Le Safran - scène conventionnée.
Ikbal Ben Khalfallah © Laurent Rousselin

Entretien

Publié le 21 janvier 2022 - N° 296

Avec les Safra’Numériques, Ikbal Ben Khalfallah s’appuie sur les ressources de son territoire en matière d’arts numériques et de nouvelles technologies pour créer un événement exigeant et populaire. Accentué par la pandémie, le phénomène de fracture numérique est plus que jamais au cœur des préoccupations du directeur.

Le contexte sanitaire a perturbé Les Safra’Numériques : après une édition 2020 annulée, celle de 2021 a eu lieu en octobre, sous une forme adaptée. Quelles traces de cette édition passée peut-on voir dans la nouvelle ?

Ikbal Ben Khalfallah : Chaque édition des Safra’Numériques a attiré un public plus nombreux. Ce succès a fait du Safran, pourtant vaste – 4500 m2 –, un espace rempli au maximum de ses capacités, au détriment parfois de la qualité du rapport aux œuvres présentées. Dans le but de mieux ventiler le lieu, nous avons accueilli deux fois moins d’installations au sein du Safran en 2021. Ce qui nous a amenés à intensifier nos relations avec nos partenaires d’Amiens et des communes proches, pour une édition davantage décentralisée. Nous tenons cette année à trouver un équilibre entre Les Safra’Numériques post-Covid et l’édition 2021.

Vous développez pour cela la partie extérieure du festival, avec des installations face et autour du Safran.

I.B.K. : C’est aussi afin d’ancrer au mieux Les Safra’Numériques dans le quartier Nord d’Amiens, très jeune et multiculturel, que j’ai très vite souhaité la présence d’une œuvre monumentale pour chaque édition à l’entrée du Safran. Cette année, c’est le collectif Coin qui est chargé d’occuper cet espace. Dans le prolongement de l’édition 2021, d’autres espaces extérieurs seront investis. Grâce à un nouveau partenariat avec l’association FLaP par exemple, qui organise le festival de musiques actuelles Le Cabaret Vert à Charleville-Mézières, l’extérieur du Safran sera tout aménagé. On retrouvera aussi des installations lumineuses du collectif TILT, déjà invité en octobre dernier avec une œuvre.

« L’expérience que nous proposons au Safran se veut très immersive. »

Tout en s’adressant à tous, votre rendez-vous se situe à la pointe de son domaine. Pour preuve, l’accueil le 24 mars de l’Assemblée Générale d’Hacnum, le Réseau National des arts hybrides et cultures numériques qui attirera au Safran de nombreux professionnels. Quels sont les secrets de ce mélange des publics ?

I.B.K. : L’expérience que nous proposons au Safran se veut très immersive. Depuis l’extérieur du lieu jusqu’à ses profondeurs, le spectateur va d’œuvre en œuvre. Dans notre choix de celles-ci, l’administrateur de production des Safra’Numériques Didier Gus Ringalle et moi-même tenons à représenter un maximum d’esthétiques et démarches différentes : avec des spectacles et des installations interactives, d’autres plus poétiques, certaines qui font appel à la Réalité Augmentée, d’autres à la robotique ou encore à l’Intelligence Artificielle. Une équipe d’une centaine de médiateurs est aussi là pour accompagner chaque groupe – scolaires, membres d’associations, de centres sociaux… – dans sa visite. Les ateliers sont enfin un endroit de partage essentiel entre chercheurs et population.

Certaines créations impliquent aussi des habitants.

I.B.K. : Chaque année, Les Safra’Numériques invitent en effet au moins une compagnie en résidence. On découvrira ainsi l’étonnante machine à tisser créée par Cléa Coudsi et Éric Herbin à partir de leurs rencontres avec des habitants du quartier Nord. L’artiste Nicolas Tourte présentera aussi son installation Le sens du courant, conçue dans le cadre du dispositif Les cités éducatives, au cours d’ateliers menés dans différentes structures d’Amiens. C’est là une manière supplémentaire de travailler l’ancrage des Safra’Numériques. Cela en dialogue avec les nombreuses structures travaillant dans ce sens à Amiens, qui a posé sa candidature au titre de capitale européenne de la culture en 2028. On croise les doigts !

A propos de l'événement

Les Safra’numériques
du mardi 22 mars 2022 au samedi 26 mars 2022
Le Safran - scène conventionnée.
3 rue Georges Guynemer, 80080 Amiens

Tel : 03 22 69 66 06.

www.amiens.fr/safran.

https://www.facebook.com/ccLeSafran

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