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Interprète et partenaire très reconnue auprès de sa sœur Nacera, Dalila Belaza affirme aujourd’hui sa propre écriture dans une démarche passionnante qui mêle l’intime et l’abstraction. Après Au Cœur, elle crée Rive, autre pièce de groupe pour dix interprètes.
Votre première pièce chorégraphique de groupe Au Cœur date de 2021. Comment a-t-elle posé les fondements de votre démarche ?
Dalila Belaza : Je pense qu’il y avait quelque chose avant Au cœur qui était en route en moi. Dire depuis quand, je ne sais pas. Le travail artistique et de création que j’ai pu vivre avec bonheur auprès de ma sœur Nacera Belaza a évidemment soulevé beaucoup de questions, qui ne sont pas traitées sur le moment, mais qui sommeillent en nous, qui refont surface plus tard. Pour Au cœur, il y a eu tout un concours de circonstances qui m’ont amenée à une rencontre totalement inédite, quand les plasticiens Antonin Pons Braley et Lucile Viaud m’ont invitée à proposer une performance dans le cadre du Siècle Soulages au musée Denys Puech. Là, j’ai fait la connaissance de Lous Castelous, un groupe folklorique aveyronnais. Cela a été une vraie rencontre avec l’altérité, et la performance est devenue l’envie d’une création. Je leur ai expliqué ce que représente la boîte noire pour moi : un espace d’abstraction, où l’on vient aussi raconter quelque chose qui se met en partage. J’avais déjà en moi cette idée de questionner la forme, et le caractère immuable des danses traditionnelles, qui fait que quand on les regarde, on a déjà la sensation d’un récit qui vient de loin. Ensuite est venu Figures. À travers la danse, je recherche le récit intime, mystérieux et immuable qui sommeille en nous. Ce qui parle de l’être dans un sens essentiel et qui peut rassembler. Je crée pour cela les conditions qui permettent d’ouvrir, de questionner l’intime comme d’en extraire une histoire réinventée. C’est un peu à cet endroit-là que je me situe dans Figures : à la fois dans une pure abstraction, car elle ne vient pas convoquer quelque chose d’existant comme Au cœur, et dans la création d’une forme qui a les caractéristiques d’une danse qui vient de loin, mais n’appartient à aucun territoire réel.
Quels sont les liens avec Rive, votre nouvelle création ?
D.B. : Alors que je travaillais Au cœur, j’ai été invitée à donner un workshop pour les danseurs du Ballet National de Marseille. J’ai voulu retrouver l’élément du pas de bourrée, mais en le voyant comme un élément rythmique. Chez certaines communautés cela se traduit par les pieds, mais chez moi au Maghreb ce sont des rythmes qui remontent dans les épaules, par exemple, ou dans les hanches… De là m’est venue l’envie de travailler à partir d’un pas qui est identifiable, qui existe dans une communauté, et de le faire voyager dans le corps, dans l’espace, en ne gardant que l’image d’une espèce de musique jouée à partir de là. Je pars du fait qu’en travaillant une chose, en l’ancrant à un certain endroit de l’être humain, en faisant en sorte que la résonnance se fasse à travers le cœur, le corps et l’esprit, cela laisse imaginer une forme de rituel. Cela laisse la possibilité d’interroger le rituel dans son essence, et pas seulement dans sa forme et dans la projection mentale que je pourrais en avoir sur les danseurs et dans la boîte noire.
Qu’a représenté l’apport du mécénat de la Caisse des dépôts ?
D.B. : J’ai commencé Rive alors que la production n’était pas assurée, à tel point qu’on se demandait si c’était le bon moment. Mais pour moi, Rive devait sortir maintenant, sinon je n’y reviendrais pas. Je sentais une dynamique entre ces trois pièces ; je m’y suis donc accrochée, non pas par ambition, mais parce que ça avait du sens, intimement. Grâce à ce mécénat, on a respiré, cela a été très structurant, en permettant à une compagnie comme la mienne de pérenniser une équipe, avec du monde sur le plateau, à l’administration, à la production. C’était le bon moment, et ils ont senti ça. Je me sens pleine de gratitude. Cette possibilité que j’ai de créer, je la prends vraiment non pas comme une chose qui m’est due, mais dans la conscience de ce que cela représente de précieux et de fragile à la fois.
Entretien réalisé par Nathalie Yokel
Figures : le 22 mars au Bloom Festival / La Place de la danse - CDCN Toulouse Occitanie, à L'Escale de Tournefeuille.
Rive : le 28 mars au Festival Conversations, CNDC Angers.
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