Jeanne Candel présente le Festival Bruit et ouvre des territoires de création infinis

Quelle place le Festival Bruit occupe-t-il dans la saison du Théâtre de l’Aquarium ?

Jeanne Candel : Le festival est pour nous une façon de dessiner un chemin organique. Le Théâtre de l’Aquarium est un lieu où, toute l’année, les compagnies s’installent, vivent, créent, échangent autour de projets qui entremêlent théâtre et musique. À chaque proposition, quelque chose de nouveau s’ouvre, qui se développe de rencontre en rencontre. Trois compagnies sont ainsi associées pour trois ans (l’Umlaut Big Band, Maurice et les autres et Toro Toro) et voisinent ici avec La vie brève, qui dirige collectivement le théâtre, et avec toutes les équipes qui viennent ici élaborer leurs spectacles.

« À chaque proposition, quelque chose de nouveau s’ouvre. »

C’est un théâtre pensé comme une famille ou un écosystème…

J.C. : Autour des territoires infinis dévoilés par cette frontière ouverte entre théâtre et musique, nous partageons un même goût du geste et des formes exigeantes et jubilatoires, de ce rapport physique, direct, irréductible, qui rend le théâtre indispensable et laisse suffisamment de place au spectateur pour jouer avec l’invisible, ce qu’ailleurs on appellerait l’« image manquante ». Et puis cela fait une vraie différence de pouvoir se poser dans la maison, comme je l’ai fait avec Baùbo, pour écrire au plateau, réécrire, penser et concevoir les décors.

Les compagnies viennent-elles à l’Aquarium pour cette possibilité de tout concevoir sur place ?

J.C. : Nous mettons à leur disposition toutes les ressources du lieu. Pour la reprise de La Nuit sera blanche, Lionel González a conçu les décors et les accessoires – qui ont aussi un rôle musical – à partir de ce qu’offre notre ressourcerie, lieu central du théâtre animé par Cindy Varin. Penser un décor en ayant en tête son devenir après le spectacle, son cycle de vie, cela participe à la réflexion sur notre pratique ; une réflexion écologique autant qu’artistique, qui contribue à insuffler de la vie dans nos créations.

Propos recueillis par Jean-Guillaume Lebrun