Geneviève Dichamp, déléguée générale de l’APAT
Geneviève Dichamp ?uvre à l'organisation [...]
L’acteur Jacques Weber a le panache et la sérénité requise pour être le
président de la cérémonie des Molières. Investi du savoir-faire du métier de
comédien, il n?en réfléchit pas moins sur l’art du théâtre, cette conversation
bienveillante entre les hommes.
Que peut dire le président d’honneur de cette manifestation ?
Jacques Weber : Même si je ne suis pas enclin à l’esprit de compétition
ni en quête de récompenses systématiques, je considère cette soirée des Molières
diffusée à une heure de grande écoute comme une opportunité à prendre en
considération. C’est un système nécessaire à l’organisation d’une réunion
conviviale et bienfaisante du monde du spectacle, et à la reconnaissance réelle
de son importance à l’intérieur de la vie culturelle française. Une fois ce
principe posé, des progrès sont attendus dans un esprit d’ouverture. C’est déjà
un petit pas vers le respect des uns et des autres, et le décloisonnement
nécessaire des familles de théâtre. Voilà pourquoi j’ai accepté l’honneur de la
présidence des Molières.
Comment cette cérémonie devrait-elle être présentée ?
J. W. : Comme en toute chose, il faut veiller à ce qu’il n?y ait pas de
rupture d’équilibre entre l’émotion et la réflexion. La soirée ne peut pas être
modulée seulement sur la dérision. Si nous n?avons pas à avoir peur de sourire
de nous-mêmes, nous n?avons pas à avoir peur de nous prendre au sérieux. Je
pense que l’intérêt de la soirée peut être d’autant plus fort qu’elle saura
conjuguer l’humour, l’élégance mais aussi, pourquoi pas, le lyrisme et la
réflexion.
« Ce sont toutes les formes de théâtre qui se doivent en pleine
liberté de traverser notre époque. »
Que représente pour vous le théâtre ?
J. W. : Que le théâtre soit un art n?implique pas que nous soyons
forcément des artistes. Pour moi, j’ai simplement l’heureuse sensation d’un bel
artisanat. Au-delà de ce savoir-faire, le théâtre est un lieu d’indépendance, de
réflexion et de questionnement, sur un mode ludique ou non, et sans la moindre
prétention à vouloir proposer des réponses moralisatrices. Ce sont toutes les
formes de théâtre qui se doivent en pleine liberté de traverser notre époque. Le
théâtre ne fait qu’entretenir et perpétuer une conversation bienveillante entre
les hommes, entre celui qui regarde et celui qui est regardé. Je note toutefois
une tendance aujourd’hui, significative du paradoxe du théâtre : pour un grand
nombre de gens, il y a plus de bonheur et de nécessité dans le fait
d’interpréter que dans celui de regarder. Il ne s’agit pas de se bagarrer en
gardien du temple, mais de s’interroger sur cette lisière de plus en plus
abstraite entre l’amateur au sens noble du terme, celui qui aime le théâtre, et
l’artisan de ce métier.
Propos recueillis par Véronique Hotte
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