Odyssées en Yvelines, édition 2022
La biennale de théâtre jeune public qui [...]
Focus -291-Au Théâtre de Sartrouville et des Yvelines
Dans sa nouvelle création, Joachim Latarjet continue de creuser en théâtre et en musique le sillon des mythologies familiales à travers le personnage d’une handicapée mentale : sa tante.
Qui est Isabelle ?
Joachim Latarjet : Mon précédent spectacle, Elle voulait mourir et aller à Paris, interrogeait mes origines grecques à travers le portrait d’une femme : ma mère. J’avais envie de continuer d’interroger les mythologies familiales. Avec ce nouveau spectacle, j’explore la famille lyonnaise, très bourgeoise, du côté de mon père. Sa sœur s’appelait Isabelle. À l’âge de 3 ans – dans les années cinquante –, une méningite l’a rendue handicapée mentale. À partir de mes souvenirs, le spectacle raconte un bout de vie de ma tante, pendant 20/30 ans, jusqu’à la mort de ses parents, non comme une saga cinématographique mais comme une succession de scènes et de souvenirs. Isabelle crie, pique des crises, elle met le désordre dans une famille bourgeoise. Cela interroge : qu’est-ce qui constitue une famille ? Alors que le bourgeois a inventé les signes de la distinction, de l’apparence et ne déteste rien de plus que le bruit, Isabelle est celle qui fait du bruit, demande de l’attention, de l’écoute.
C’est un spectacle sur la normalité mais aussi sur le temps ?
J.L. : Le souvenir recomposé me fascine. Pour moi, le théâtre a affaire avec l’enfance et la mémoire, la reconstruction, avec ce que l’on est au moment où on se rappelle. Pourquoi ai-je envie de parler d’Isabelle, maintenant, à 50 ans ?
La musique est très présente dans vos spectacles, comment s’insère-t-elle ici ?
J.L. : La musique accompagnera le récit, illustrera certaines scènes, deviendra de plus en plus présente lors des scènes de famille, avec la ritualisation des crises qui se finissent en cri. A d’autres moments, lsabelle aura envie de chanter, pour prendre le pouvoir sur ses parents. Les comédiens du spectacle, qui ne sont pas musiciens, joueront des choses très simples et forcément un peu mal, ce qui créera une musique un peu complexe. Qui est handicapé ? Qui est handicapé de la communication ? de l’amour ? Je ne porte pas de jugement de valeur sur le handicap moral mais c’est comme si je donnais à Isabelle une scène et un micro.
Propos recueillis par Isabelle Stibbe
Tél : 01 30 86 77 77.
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