Agora Les Droits des enfants
En partenariat avec Terre des Hommes Suisse [...]
Focus -325-Au Théâtre Am Stram Gram à Genève, l’artistique et le citoyen s’allient et se renforcent
Directeur du Théâtre Am Stram Gram depuis 2021, Joan Mompart y cultive le dialogue par les arts, dans une ouverture au monde et à l’autre qui façonne une créativité partageuse.
Quelle est la spécificité de votre projet dédié à l’enfance et la jeunesse ?
Joan Mompart : Notre première mission est bien sûr de produire et d’accueillir des spectacles adressés au jeune public, mais nous nous attachons aussi à mettre en œuvre une multitude de dialogues par le biais des arts, afin de faire vivre un projet artistique, citoyen et intergénérationnel. C’est ce à quoi je crois le plus fort, c’est l’endroit où je me sens le plus motivé, le plus légitime. Sans surplomb, dans une horizontalité et une confiance qui accordent une pleine attention aux paroles et pensées des enfants, nous célébrons le vivant à travers les spectacles, et lors de nombreux moments de rencontres. Nous affirmons que les enfants sont des citoyens et des partenaires qualifiés qui peuvent inspirer notre société. Le théâtre crée du lien social et s’élève contre la méfiance. Plus on va au théâtre moins on a peur. Dans notre théâtre s’expriment une musique dissonante, un ailleurs, toutes sortes de tentatives qui visent à une paix de l’intime. Nous voulons ouvrir des pistes vers un futur engageant, déjouer les pièges de la peur.
Comment se traduit votre implication citoyenne ? Quelles sont ces agoras nomades que vous déployez chaque saison depuis 2021 ?
J.M. : C’est fantastique de donner corps à l’art et la poésie, mais je me suis rendu compte que sur certains sujets, à l’intérieur des théâtres et de manière publique, nous avons besoin d’une certaine littéralité. Adossées aux arts vivants, les agoras nomades constituent ainsi dans une dynamique égalitaire un formidable espace de liberté qui rassemble des artistes, des experts, des personnes concernées par les sujets évoqués et… des enfants. En partage avec le public, nous abordons des sujets brûlants qui concernent la société tout entière, tels l’alimentation, l’eau, le changement climatique, les transidentités… Ces agoras proposent des spectacles, débats, performances, jeux, repas partagés… Parfois même elles inspirent des spectacles pour de prochaines saisons. L’espace du théâtre est investi de manière ludique et démocratique, à la recherche de voies de solidarité. Cette année notre agora est consacrée aux droits des enfants. Nous continuons également à mettre en œuvre Tapis Rouge, une action culturelle qui organise la rencontre avec de jeunes exilés.
Quelle est la tonalité de cette saison ?
Joan Mompart : Comme chaque saison, celle-ci s’inscrit dans une dynamique collaborative transfrontalière qui se renforce. Le projet ACT · Art en Coopérative Transfrontalière, réunit cinq structures – le Théâtre Am Stram Gram, l’Usine à Gaz de Nyon, les Scènes nationales de Bourg-en-Bresse et du Jura (Lons-le-Saunier/Dole), et Château Rouge, scène conventionnée à Annemasse. Cette association, qui regroupe aussi une dizaine d’artistes ou compagnies (deux par structure) instaure de nouvelles modalités de production artistique. L’objectif est de faire vivre une réflexion en commun afin de créer une coopérative d’artistes. À Am Stram Gram, notre saison est placée sous le signe de la joie, grâce aux clowns qui viennent habiter le théâtre. Ils sont par exemple présents dans Mad in Finland, folle épopée du collectif MAD – Galapiat Cirque, ainsi que dans Actapalabra, duo clownesque que je crée avec Philippe Gouin. Nous voulons tout au long de la saison réactiver la joie, une joie puissante, cathartique.
Quelle est cette nouvelle création ?
J.M. : L’ivresse de tous ces mots qu’on entend incessamment dans les médias a fait germer chez moi l’idée d’un spectacle sans paroles. Comme l’indique le titre en espagnol (“Acte et Paroles“), la pièce interroge : comment agir quand tout est dit ? J’ai appelé mon frère de plateau Philippe Gouin, nous nous sommes inspirés de Quad et d’Acte sans paroles 1 de Beckett, des pièces de Slavomir Mrozek et du théâtre de l’absurde afin de créer un scénario dans lequel deux clowns vivent une vie totalement automatisée. Puis l’erreur fait spectacle. Lorsqu’elle survient, tous deux s’humanisent, se voient, esquissent une rencontre. La scénographie mouvante en forme de cercle et un système de machinerie imposent un mouvement très physique, jusqu’à une surprise finale qui change la donne.
Agnès Santi
Dès 4 ans.
Tél. + 41 22 735 79 24.
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