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Focus -318-Heureuses erreures : le terrain d’humanité de Camille Boitel

« Heureuses erreures » : le terrain d’humanité de Camille Boitel

« Heureuses erreures » : le terrain d’humanité de Camille Boitel - Critique sortie  Paris La Maison des Métallos
Crédit portrait : L’immédiat Camille Boitel, heureux circassien à la Maison des Métallos

Publié le 21 janvier 2024 - N° 318

Fouiller la pluralité d’un geste artistique, en questionner les doutes, les ratages, la beauté… Tout un programme que Camille Boitel déploie en février à la Maison des Métallos.

Comment avez-vous accueilli la proposition de coopération de la Maison des Métallos ?

Camille Boitel : Ce qui est joli dans cette aventure, c’est qu’on se disait depuis longtemps que le projet de la Maison des Métallos correspondait à notre désir de donner à voir plusieurs facettes d’un travail, plusieurs strates. On a l’impression de toujours montrer un seul éclat. Donner plusieurs moments crée un rythme d’ensemble, c’est comme passer d’une photographie à une chose filmée. Leur proposition nous est arrivée au moment même où on leur manifestait notre envie ! Cela nous a permis de travailler sur une même matière, mais selon des angles tellement différents qu’on pourrait se dire que cela n’a rien à voir. Nous nous acharnons sur une même fouille, sur quelque chose de suffisamment indicible pour qu’on soit obligé de le faire par des gestes, du rythme, des événements.

Quelles questions se sont-elles posées pour élaborer les contenus ?

C.B. : Il nous fallait donner du sens à cette pluralité, et retenir ce qu’il y avait de plus léger dans la mise en œuvre. J’ai créé une œuvre spécifique, Introspection rétrospective, qui sera jouée quatre fois, avec pour point de départ la soirée d’ouverture, et qui se poursuit ensuite avec des variantes. Il s’agit d’une sorte de rétrospective, dans un rapport très proche au public. Par exemple, je commence par donner ma vie aux spectateurs, en leur en confiant la charge : ils vont me soulever avec des fils de 3mm, suffisamment haut pour que je ne m’en sorte pas indemne s’ils lâchent tous ! J’installe aussi une chose presque archéologique venue de L’Homme de Hus, mon premier spectacle : une espèce de machine qui forme une roue, et qui se transforme. Tout cela sera accompagné d’une exposition : 20 ans de compagnie, avec des choses anciennes et actuelles, et d’autres qui n’ont jamais eu lieu.

« Il s’agit d’une sorte de rétrospective, dans un rapport très proche au public. »

La relation fine entre l’artiste et le spectateur, la notion de forme et de format, sont aussi au cœur de vos autres propositions…

C.B. : La Machineàjouer est assez risquée puisque au départ elle était 100% improvisée grâce aux mots que les spectateurs nous donnaient. C’était une pièce écrite, mais dans l’instant. Au fil du temps, on s’est aperçus que c’était notre atelier préféré, une façon de se rencontrer, avec les « spectacteurs », dans le jeu. Aujourd’hui, c’est un entre-deux : on est vraiment dans une représentation, dans des applaudissements, dans des moments de concentration, mais aussi dans un atelier. Pour Le poids des choses, je m’attache à la gravité qui est notre ennemie et en même temps notre confort le plus grand. C’est un « spectacle d’enfant » plus que « pour enfant », dans le sens où je pars de techniques que j’utilisais quand j’avais 12 ans.

Que souhaitez-vous que les spectateurs retiennent de votre démarche ?

C.B. : Notre démarche repose sur des rencontres réelles, puisqu’on va jouer ensemble. Si je pouvais juste essayer d’augmenter notre vitalité, notre sens de l’humour quant à nos fragilités, nos incapacités à contrôler les choses… C’est une quête fabuleuse. Quand on commence à trouver ça beau, à trouver dans la chose la plus pénible une source de joie, c’est qu’on a gagné quelque chose : on a gagné du terrain d’humanité.

 

Entretien réalisé par Nathalie Yokel

A propos de l'événement

Heureuses erreures
du vendredi 2 février 2024 au samedi 24 février 2024
La Maison des Métallos
94 rue Jean-Pierre Timbaud, 75011 Paris

Soirée d’ouverture : le 2 février à 19h et 20h30

Le poids des choses : le 8 février à 9h30 et 14h30, le 9 février à 9h30 et 19h30.

Introspection rétrospective : les 16, 17 et 24 février à 20h

Lamachineàjouer : les 13 et 14 février à 10h et 14h30

Exposition : Autour de « Introspection rétrospective : du 13 au 24 février de 14h à 19h

Lecture : « Sérendipité. Du conte au concept » de Sylvie Catellin : le 21 février à 18h30

La Fête Immédiate : le 24 février à 21h30

 

 

Tél. : 01 47 00 25 20.

www.maisonsdesmetallos.paris

 

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