La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -197-THÉÂTRE EN MAI

HERVE PEJAUDIER

HERVE PEJAUDIER - Critique sortie Théâtre
© Han Yumi

Publié le 10 avril 2012

UN THEATRE TOTAL

FORT DU SUCCES DES EDITIONS PRECEDENTES, LE THEATRE COREEN SE DONNE A DECOUVRIR POUR LA TROISIEME ANNEE CONSECUTIVE A DIJON. AVEC WUTURI, L’HISTOIRE DU BEBE GEANT, UNE LEGENDE TRADITIONNELLE SE MARIE AU CONTEMPORAIN.

« C’est un théâtre populaire et de recherche à la fois. » Hervé Péjaudier

Traducteur de Wuturi, l’histoire du bébé géant, pouvez-vous dresser un rapide panorama du théâtre coréen ?
Hervé Péjaudier : Aussi loin que l’on puisse remonter, le théâtre coréen était un théâtre de saltimbanques, de tradition orale, allant de foire en foire en mêlant chant, danse, farce et poésie, chamanisme, bouddhisme, confucianisme… et satire sociale ! Le xxe siècle va apporter le premier « théâtre en dur » à Séoul en 1902 et l’occidentalisation forcée, via l’occupation japonaise, puis après la partition de la Corée en 1953, la marche vers la modernité capitaliste. Mais la culture traditionnelle a réussi à ne pas rompre le fil de sa transmission, et a été sauvée de deux manières, contradictoires : la patrimonialisation officielle, qui a permis sa conservation, et le travail des jeunes troupes, qui ont plongé dans ces techniques scéniques complexes pour se les approprier. La compagnie Wuturi s’inscrit dans ce mouvement de revendication d’un théâtre populaire total.

Wuturi
est-elle une pièce traditionnelle ?
H. P. : Pas seulement. C’est un théâtre populaire et de recherche à la fois. Kim Kwang-lim, auteur qui s’était fait connaître dans un répertoire plus réaliste, a fondé la compagnie Wuturi pour rompre avec l’embourgeoisement de la scène coréenne et refonder un théâtre d’aujourd’hui. Pour cela, il a inventé un mythe, celui du Bébé Géant Wuturi, dont la naissance accompagnée de prodiges est une menace pour l’ordre établi. Ce récit épique est raconté, chanté, dansé, joué par des comédiens combattants rôdés à toutes les techniques, passant du burlesque au lyrique, du plus raffiné au plus joyeusement vulgaire. Cette troupe était déjà venue à Dijon présenter Les Coréens de Vinaver avec succès.

Propos recueillis par Eric Demey


Wuturi, l’histoire du bébé géant, par la compagnie Wuturi. Spectacle surtitré. Les 16, 17, 18 mai. Traduction de Han Yumi et Hervé Péjaudier disponible aux Editions Imago.

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