La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -302-Ars Nova célèbre ses 60 ans, unissant souvenirs, filiations et créations

Généalogies musicales

Généalogies musicales - Critique sortie  poitiers
La compositrice Édith Canat de Chizy. © Christophe Daguet

GROS PLAN

Publié le 16 août 2022 - N° 302

Un nouveau programme sous la direction de Gregory Vajda, donné en deux temps à Poitiers et Metz, relie, à près de cinquante ans de distance, la musique de Xenakis et celle de compositrices et compositeurs d’aujourd’hui.

Chaque création est un acte singulier. L’ensemble Ars Nova, qui en a fait l’une de ses vocations principales, connaît bien ce cheminement dans l’inouï, qui est l’esprit même de la musique en train de se faire. Ce chemin cependant ne se parcourt jamais sans repère. Consciemment ou non, compositeurs et auditeurs sont aussi guidés dans leur approche du nouveau par ce qu’ils connaissent. Parmi les cinq pièces données en création dans le nouveau programme d’Ars Nova, aux côtés de pages « classiques » de Iannis Xenakis (1922-2001), deux revendiquent leur hommage : à György Ligeti (1923-2006) pour Gregory Vajda (Bagatelles canoniques), à la pianiste Márta Kurtág (1927-2019), épouse du compositeur György Kurtág pour Judit Varga. Les généalogies musicales peuvent aussi prendre un tour plus intériorisé. Édith Canat de Chizy, dont Ars Nova crée Spring, reconnaît trouver « toute l’origine de la musique depuis la fin du XXe siècle chez Ligeti : cette façon d’inclure des procédés métronomiques différents, l’alternance de passages mesurés/non-mesurés ». Elle ajoute : « Je me situe entièrement dans la lignée de Varèse, pour qui la forme est un résultat de la musique, mais aussi dans l’héritage de Maurice Ohana pour qui l’organisation du temps, de la durée permet d’échapper à la métrique ».

Éclairer la création de demain

Ancienne élève de Marius Constant en classe d’orchestration, Spring est sa première collaboration avec l’ensemble. L’œuvre, pour deux harpes et ensemble, est écrite à l’intention de Juliette Redouté, lauréate en 2021 du Prix Marius Constant lors du concours de harpe Collegium 21, et d’Aïda Aragoneses Aguado, soliste d’Ars Nova. « Écrire pour deux harpes (…), cela permet de compléter les harmonies mises en action de l’extrême grave à l’extrême aigu, mais aussi de créer une spatialisation à travers des effets d’écho, de jouer sur les oppositions de mode de jeu, entre percussion et résonance » souligne la compositrice. Au-delà de la création de l’œuvre se joue l’opportunité pour Juliette Redouté de rejoindre la pratique professionnelle auprès d’un ensemble de haut niveau. C’est là un autre enjeu de la transmission de la musique d’aujourd’hui : intégrer les jeunes musiciens à la diffusion du répertoire et continuer ainsi à éclairer la création de demain.

 

Jean-Guillaume Lebrun

A propos de l'événement

Généalogies musicales
du lundi 21 novembre 2022 au jeudi 24 novembre 2022


Le TAP à Poitiers, lundi 21 novembre à 20h30.

L’Arsenal à Metz, jeudi 24 novembre à 20h.

 

Ars Nova, 2 Place Aristide Briand, 86000 Poitiers.

Tél. : 05 49 30 09 25.

https://ars-nova.fr/

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