Frédéric de Goldfiem présente deux propositions satiriques : Dissonances Molière et Caricatures miniatures

« J’ai fait mes armes dans une école nationale, à la Comédie de Saint-Étienne. Il existait, dans ses murs, dans cette ville, un héritage de Jean Dasté, une histoire vivante de la décentralisation et du théâtre populaire. Chaque génération fait l’histoire de ses héros. La mienne fut de reconnaître des trajectoires comme celle de Bernard-Marie Koltès ou de Jean-Luc Lagarce, où celle des acteurs du théâtre public. Voilà les raisons de ma présence comme comédien et “metteur en écritures” au sein de la troupe du TNN. Il est question, non pas d’une carrière, mais d’un engagement. Il est question de la vie d’une troupe et du sens de sa présence dans l’enceinte de la cité. Dissonances Molière et Caricatures miniatures sont des écritures dites de plateau. Elles s’inventent sur scène avec les comédiens à partir d’improvisations et de matériaux-documents. Le texte représenté n’apparaît qu’à la fin du processus. Il reste en devenir et en mouvement.

Des comédiens-auteurs

Il s’agit d’offrir au comédien une liberté d’écriture et un engagement personnel quant à la parole donnée. Le comédien est auteur, pas seulement interprète. Dissonances est un programme radiophonique enregistré dans les conditions du direct, autour d’une table et de micros. Il s’agit d’une satire, d’un exercice qui appartient au registre de notre intelligentsia culturelle. Le débat est réel et vient exposer les dissonances cognitives du monde contemporain. Des sachants s’accaparent un personnage historique. Ici, Molière. Ce sont des spécialistes. Ils se disputent des vérités. Le rire instaure une mise à distance salutaire. C’est le pas de côté qui peut permettre un changement de perspective sur pas mal d’idées reçues. C’est le garde-fou d’un point de vue, le nôtre, qui peut être perçu comme moralisateur. L’idée de départ de Caricatures miniatures est identique. C’est un jeu de construction dans lequel il est question de réhabiliter la place du bouffon au théâtre. Je crois aux vertus du rire comme contre-pouvoir. »

Propos recueillis par Manuel Piolat Soleymat