Focus Figure(s) libre(s) : quatre créations de Sylvain Groud

Comment s’est opéré le choix des quatre pièces présentées dans ce focus ?

Sylvain Groud : C’est le fruit d’un dialogue avec Farid Bentaïeb qui est un programmateur ami. Il émane d’un désir d’atteindre différents publics, de l’envie de proposer différentes monstrations. Si l’on ne connaît pas mon travail, ces quatre pièces peuvent sembler ne pas avoir de rapport entre elles. Mais elles sont liées par l’empathie. Je cherche à être avec l’autre, à m’aider de lui, mais aussi à renarcissiser celui qui reçoit la proposition.

Parmi ces quatre pièces, deux sont programmées hors les murs, Between et Le Bal chorégraphique…

S.G. : En effet. Je suis ravi de présenter Between dans le grenier du théâtre, un lieu magnifique, comme la coque d’un bateau renversé, ainsi que dans des collèges. Cette pièce consiste en une rencontre avec un artiste, en une improvisation à quatre mains au cœur du public. C’est à chaque fois une prise de risque énorme qui nécessite d’accorder à l’autre une confiance totale. Je suis très excité par la proposition du Trident de m’associer au guitariste et compositeur Olivier Mellano, que je ne connais pas encore mais que je sais être un monstre de virtuosité. Quant au Bal chorégraphique, qui mêle danseurs professionnels et amateurs, notre souhait est de faire se rencontrer des gens qui n’auraient jamais eu l’occasion de se croiser.

« Ces quatre propositions sont liées par l’empathie. »

Vous présentez également deux pièces de plateau, dont L’Autre…

S.G. : Oui. Ces deux pièces ont nécessité un travail de précision. L’Autre est l’un de mes spectacles les plus écrits, sans une once d’improvisation. La danse de Lauriane Madelaine et Julien Raso, deux complices depuis près de 10 ans, y est déposée sur la musique qu’interprète la pianiste Vanessa Wagner, qui est présente au plateau. Nous y interrogeons le manque niché au creux des corps, l’absence lorsque l’autre tant aimé n’est plus à nos côtés.

On pourra également voir votre dernière création, Des chimères dans la tête…

S.G. : Il s’agit d’un spectacle écrit à six mains avec la plasticienne Françoise Pétrovitch et le vidéaste Hervé Plumet. Des chimères dans la tête est une invitation à plonger dans l’imaginaire d’une petite fille, à voir les images prendre vie, se prolonger en dehors de la feuille. Ce que j’en retiens à quelques jours de la première est le bonheur presqu’enfantin des danseurs à se cacher derrière un écran pour se dédier totalement à un bout de main qui va apparaître et prolonger un dessin. Ce bonheur simple de faire plaisir, de faire en sorte que la magie opère.

Propos recueillis par Delphine Baffour