Entretien Charles Tordjman
Un beau matin, Aladin Charles Tordjman met [...]
Focus -205-Trois Théâtres à Aix et Marseille
Le festival de création musicale de Radio France prend ses quartiers d’hiver pour dix concerts et quinze créations au Grand Théâtre de Provence.
Ce qui fait l’intérêt de cette vingt-troisième édition du Festival Présences, c’est cette volonté de décentrement, qui emmène l’écoute ailleurs. Avec les compositeurs de ce côté-ci de la Méditerranée, on reste encore en terrain connu : l’Orchestre philharmonique de Radio France rend ainsi hommage à Luciano Berio (1925-2003) avec la création française de ses Quatre dédicaces. Mais le festival s’ouvre aussi largement à l’autre rivage, du Levant à l’Égypte et au Maghreb. Principal invité du festival avec pas moins de cinq œuvres programmées, le Libanais Zad Moultaka (né en 1967) est surtout connu depuis la création en 2010 de son « opéra arabe » Zajal (publié en DVD chez L’Empreinte digitale). L’invention musicale et dramaturgique qui s’y lisait laisse espérer beaucoup des deux créations annoncées, l’une en musique de chambre (Callara pour alto et quatuor à cordes), l’autre pour chœur et ensemble (Callara II, créé par l’ensemble Musicatreize).
Au carrefour des influences
L’œuvre du Marocain Ahmed Essyad (né en 1938), autre figure de la musique méditerranéenne, se situe au carrefour d’influences européennes (il a suivi à Paris l’enseignement de Max Deutsch, élève de Schoenberg et maître de la technique dodécaphonique) et arabo-islamiques. Son inspiration puise tour à tour aux sources du mysticisme (l’oratorio L’Exercice de l’amour ou l’opéra Héloïse et Abélard, tous deux écrits en complicité avec l’écrivain Bernard Noël) et de la contemplation de la nature (le superbe Cycle de l’eau pour flûte et piano). Pascal Rophé dirigera le 26 janvier sa nouvelle œuvre, Chant alluvial, sur les textes de mystiques arabes. On retrouvera les Grecs Iannis Xenakis et Georgia Spiropoulos, le Jordanien Saed Haddad ou le Français Thierry Pécou ; au-delà des nationalités, Présences rend surtout hommage à ceux qui l’ont vu comme un espace d’échange et de partage. Un concert exceptionnel, le 24 janvier, célébrera ainsi Albert Camus à travers des œuvres d’Henri Tomasi (Retour à Tipasa, inspiré par L’Été) et Roberto Gerhard, compositeur espagnol majeur du xxe siècle, auteur d’une cantate d’après La Peste, avec les récitants Robin Renucci et Michaël Lonsdale.
Jean-Guillaume Lebrun
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