« Vejo anjos que atravessam o sol na minha sala », chorégraphie Ídio Chichava et Lulu Sala
Dans un univers poétique et graphique, la [...]
Comme elle le fait depuis 2018, la directrice de Points communs Fériel Bakouri a imaginé une programmation 2024/2025 audacieuse et éclectique. Une programmation attentive à la parité entre femmes et hommes, au brassage générationnel, à la pluralité des formes, à la diversité des artistes qui s’expriment sur les plateaux et dans les territoires de la Scène nationale de Cergy-Pontoise et du Val-d’Oise.
Quel regard portez-vous sur la montée des forces d’extrême-droite dans notre pays ?
Fériel Bakouri : Lorsque je suis arrivée à la tête de la Nouvelle scène nationale de Cergy-Pontoise et du Val d’Oise, en 2018, j’ai souhaité que cette maison soit baptisée Points communs, ce qui n’est évidemment pas un hasard. Ce que j’aime, dans le fait de diriger une telle structure, c’est d’avoir pour cahier des charges la diversité des disciplines et des styles. Quand on s’appelle Points communs, qu’on est une scène nationale située au sein d’un territoire composé de 142 nationalités différentes, quand on met en avant une programmation qui prône un écart toujours plus important entre des propositions très grands publics et d’autres, extrêmement pointues, également passionnantes mais plus radicales, on ne peut faire qu’une chose : défendre la curiosité et l’altérité. Mais il est vrai qu’une partie de la société a beaucoup moins de facilité avec la différence. La peur de l’autre augmente. Mon rôle est de montrer, à travers les arts de la scène, toute la richesse du genre humain.
Comment cet engagement se traduit-il en 2024/2025 ?
F.B. : La période mouvementée que nous traversons a conforté la manière dont je travaille. La programmation que j’ai élaborée pour 2024/2025 a pour objectif de rassembler et réunir tous les habitants de notre territoire — y compris celles et ceux qui, peut-être, ne partagent pas mes idées — pour leur donner à découvrir une grande pluralité de formes. Cette nouvelle saison est, comme toujours, ponctuée d’artistes qui traitent de nombreux sujets, notamment de thèmes importants comme l’exclusion ou la stigmatisation… Par exemple, Joël Pommerat (ndlr, avec son adaptation de Marius) et le plasticien Mohamed Bourouissa (ndlr, avec Quartier de femmes) viendront tous les deux, chacun à sa façon, nous parler des zones de marge, de la fragilité de gens pour qui la vie n’est pas facile. Lorsque j’élabore une saison, je suis évidemment attentive à toutes les dimensions de la diversité. Points communs est une scène nationale ouverte sur l’international. Je fais en sorte que les spectacles que nous programmons soient représentatifs des sujets qui secouent le monde, mais également représentatifs du monde lui-même, dans toutes ses composantes. En affirmant cela, je ne voudrais pas avoir l’air de dire que nos artistes ne parlent que de choses difficiles. Pour moi, la convivialité et l’esprit festif sont des notions essentielles. La place du rire et de la fête n’empêche pas la prise en charge de la pensée. Un lieu culturel, c’est un lieu où l’on débat, un lieu où on a l’occasion de prendre le pouls de la société, pour se rendre compte de ses évolutions. C’est aussi un lieu où l’on découvre des formes qui nous bouleversent, émotionnellement et physiquement.
Quelles sont les nouvelles équipes artistiques associées à Points communs, de 2024 à 2027 ?
F.B. : Pour le théâtre, j’ai choisi l’autrice-metteuse en scène Marion Siéfert et le cinéaste Matthieu Bareyre, qui créent des spectacles ensemble depuis de nombreuses années. Lorsque j’ai découvert la force de leur univers, notamment grâce à leurs créations Du Sale ! et Jeanne Dark, je me suis dit que nous avions vraiment des choses à faire ensemble. La question de l’adolescence et des parcours marginaux est au cœur de leur travail. Le Val-d’Oise étant l’un des départements dont la population est la plus jeune, ces sujets m’intéressent moi-même particulièrement. En ce qui concerne la danse, c’est le chorégraphe d’origine brésilienne Calixto Neto qui nous rejoint. Dans des propositions à la fois très politiques et d’une grande convivialité, il met en lumière les identités minoritaires, interroge ce que c’est qu’être Noir. Enfin, pour la musique, il m’a semblé intéressant d’accueillir un ensemble qui a une renommée internationale, qui tourne dans tous les opéras du monde, mais qui est peu ancré localement. Dirigé par Maxime Pascal, le Balcon a eu envie de s’implanter sur notre territoire. Pour sa version actualisée de la Symphonie fantastique, il travaillera ainsi avec des groupes de musiciens amateurs de Cergy et de Pontoise.
Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat
Points communs - Nouvelle Scène nationale Cergy-Pontoise / Val d’Oise.
Théâtre 95, 1 place du Théâtre, 95000 Cergy.
Théâtre des Louvrais, place de la Paix, 95300 Pontoise.
Tél. : 01 34 20 14 14.
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