La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -179-chaillot

FAUSTIN LINYEKULA

FAUSTIN LINYEKULA - Critique sortie Théâtre

Publié le 10 juin 2010

POUR EN FINIR AVEC BERENICE

APRES AVOIR MONTE LA PIECE DE RACINE POUR LA COMEDIE-FRANÇAISE, LE CHOREGRAPHE FAUSTIN LINYEKULA REVIENT SUR UN TRAVAIL SPECIFIQUE AUTOUR DE BERENICE, EXPLORANT NOTAMMENT AVEC DES INTERPRETES CONGOLAIS LE SINGULIER RAPPORT A LA LANGUE FRANÇAISE ENTRETENU AU CONGO.

« La question de l’altérité passe totalement par le rapport au français. C’est notre langue, sans l’être. »
Faustin Linyekula
 
 
Cette création est née d’un travail autour de Bérénice commencé à la Comédie-Française…
Faustin Linyekula : Dès le début, il était clair qu’il fallait ramener cette expérience au Congo. Comment ce que je fais ici résonne-t-il là-bas, et vice versa ? Plus je travaillais Racine, et plus les résonances avec d’autres questions que je me pose devenaient flagrantes, par rapport à la façon dont on vit dans une société, et surtout par rapport à la langue. C’est très intéressant à explorer au Congo, car tout s’organise autour du français, sauf qu’il y a peut-être au maximum 20 % de la population qui le maîtrise. Cela a été le point de départ.
 
Le parti pris de départ n’a-t-il pas été la question de l’étranger, de l’altérité, plus que l’histoire d’amour de Bérénice ?
F. L. : La question de l’altérité passe totalement par le rapport au français. C’est notre langue, sans l’être. Comment l’apprend-on, comment apprend-on à penser au Congo ? Le rapport avec l’histoire coloniale demeure déterminant. Quand on a une histoire commune, tellement passionnée et passionnelle, cela devient une histoire d’amour. Des amants qui ont du mal à se séparer, mais que l’Histoire oblige à la séparation… Si, symboliquement, l’héritage passe par la langue, comment le gère-t-on ? Le projet explore la façon dont la langue traverse les corps. Le danseur est noyé dans cette langue et essaye de trouver sa place. Je suis le seul danseur, les six autres sont tous des comédiens.
 
En dehors de Bérénice, existe-t-il d’autres inspirations, comme des histoires personnelles qui se croisent ?
F. L. : Un peu comme Heiner Müller qui, pour contourner la censure, empruntait aux grands classiques pour raconter quelque chose de son temps, nous avons effectué un véritable travail de traduction. Comment comprendre Bérénice avec notre histoire à nous, collective et personnelle ? Nous posons des questions épineuses dans le spectacle : est-il encore possible de faire du théâtre dans un pays où la parole sur la place publique ne circule pas ? Est-il possible de jouer une tragédie dans un pays qui est déjà une tragédie ? Le spectacle s’inscrit dans une histoire très spécifique, qui est aussi une inscription de l’intime.

Propos recueillis par Nathalie Yokel


 
Pour en finir avec Bérénice, de Faustin Linyekula, les 30, 31 mars et 1er avril à 20h30.

A propos de l'événement



x

Suivez-nous pour ne rien manquer sur le Théâtre

Inscrivez-vous à la newsletter

x
La newsletter de la  Terrasse

Abonnez-vous à la newsletter

Recevez notre sélection d'articles sur le Théâtre