La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -205-Nica’s dream / Patrice et Louis CARATINI

Entretien Patrice Caratini

Entretien Patrice Caratini - Critique sortie Théâtre Paris Théâtre de l’Opprimé
© D. R.

Publié le 22 décembre 2012 - N° 205

« Cette musique, c’est mon histoire ! »

Patrice Caratini a été imprégné et nourri de ce jazz des années 60, qu’il adore et qu’il a joué dans les années 70 et 80. Une histoire de transmission… 

« Ce spectacle n’est pas un hommage, c’est un ovni théâtral. »

Vous êtes quatre musiciens pour jouer les musiques de cette époque…

Patrice Caratini : Cette forme instrumentale – le trio piano basse batterie avec un soliste, en l’occurrence un saxophoniste – est typique de cette époque : les petites formes  ont construit le jazz d’après guerre avec le quintet de Gillespie ou Miles, le quartet de Monk ou Coltrane. Au moment où Pannonica pose ses questions, je suis un adolescent qui écoute du jazz à la radio. J’écoute Charles Mingus et Thelonious Monk, alors que leur musique se crée. Je n’écoute pas du tout la vague yé yé, que je déteste ! Dans les années 50 ou 60, Paris est la ville du jazz en Europe. Les Jazz Messengers jouaient au Club Saint Germain à Paris. L’échange entre les Etats-Unis et Paris a commencé avec Louis Armstrong et s’est poursuivi. Lorsque j’ai commencé à jouer dans les années 70, mon apprentissage s’est forgé en jouant dans les clubs de jazz parisiens, avec des jazzmen présents dans le livre de Pannonica. J’ai joué avec le pianiste Teddy Wilson, que j’adorais, avec Charlie Rouse, le saxophoniste de Monk, avec Kenny Clarke ou Johnny Griffin. Cette musique, c’est mon histoire !  Pour ce spectacle, l’idée était de réunir un quartet de musiciens de ma génération, qui avaient le même rapport que moi à cette musique.

Qui sont ces musiciens ?

P. C. : Deux font partie du Jazz Ensemble que j’ai fondé il y a quinze ans et ils sont de ma génération : le pianiste Alain Jean-Marie, et le saxophoniste André Villéger. Tous deux ont joué avec ces Américains. Julie Saury, fille du clarinettiste Maxim Saury, est plus jeune. Jouer cette musique qui nous a nourris et élevés constitue une sorte de retour aux sources. Pour ce spectacle, les paroles prononcées sont en rapport avec un univers musical qui apparaît immédiatement, qui est ce qu’on entendait dans les années 60. Nous entretenons un lien affectif avec ces jazzmen et avec leur histoire. Comme le dit la chanteuse Giovanna Marini, le jazz est une question de tradition orale et de culture discographique.  Ce spectacle n’est pas un hommage, c’est un ovni théâtral, et la musique est la matrice de cet univers. Le jazz est une chanson de geste, avec des héros et des anti héros, des perdants et des gagnants…

Et c’est une histoire que vous voulez transmettre…

P. C. : Bien sûr, et notamment entre les générations. Les années 60 se situent à un carrefour du jazz. Des légendes du premier jazz demeurent, et un nouveau jazz est en train de se construire. Les musiciens du Free et du Be-Bop se côtoient. C’est comme si on avait réuni Bach, Mozart et Stravinski : ce qui a nécessité plusieurs siècles dans la musique classique occidentale est ici concentré sur quarante ans !

 

Propos recueillis par Agnès Santi

A propos de l'événement

Nica’s Dream
du samedi 5 janvier 2013 au jeudi 28 mars 2013
Théâtre de l’Opprimé
78/80 rue du Charolais, 75012 Paris.

Nica’s Dream d’après Les Musiciens de Jazz et leurs trois Vœux de Pannonica de  Kœnigswarter, adaptation et mise en scène Louis Caratini, direction musicale Patrice Caratini, les 5, 8, 19 et 12 janvier à 19h, le 13 à 15h, au Théâtre de l’Opprimé, 78/80 rue du Charolais, 75012 Paris. Tél : 01 43 45 81 20. Reprise le 26 février Salle Jacques Brel à Fontenay-sous-Bois et le 28 mars au Pôle culturel d’Alfortville.
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