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Focus -209-SATIRINO / LABELS

Entretien / Ian Malkin

Entretien / Ian Malkin - Critique sortie Classique / Opéra Paris Satirino

Publié le 24 avril 2013 - N° 209

Des enregistrements coups de cœur

Formé à l’Université de Lancaster, Ian Malkin est aujourd’hui à la tête de Satirino, aux côtés de Christine Menguy. Il nous en explique le fonctionnement.

« Même si le disque décline, nous en avons besoin pour promouvoir les artistes. »

Satirino a la particularité d’être à la fois une agence d’artistes et un label. Pourquoi avoir réuni ces activités ?

Ian Malkin : Nous avions dans l’agence des artistes pour lesquels nous avions du mal à trouver une maison de disque. Or, même si le disque décline, nous en avons besoin pour promouvoir les artistes. Pour nous, l’édition de disques est d’une certaine façon une forme d’achat d’espace. Mais notre activité de label reste limitée, nous ne sortons qu’un à deux disques par an. Et nous nous limitons aux artistes que nous avons dans l’agence.

Pourquoi le nom de Satirino ?

I.M. : C’est un hommage à l’un des nos artistes, Dominique Visse. Dans les années 90, il participait à une production mémorable de La Calisto de Cavalli dirigée par René Jacobs et mise en scène par Herbert Wernicke. Dominique Visse interprétait le rôle de Satirino, le petit satyre, avec un talent incroyable. C’est une vraie bête de scène !

Qu’est-ce qui vous pousse à signer un artiste ?

I.M. : C’est souvent le hasard des rencontres. Kenneth Weiss, je l’ai par exemple connu dans les années 80, lorsqu’il était encore étudiant chez Gustav Leonhardt. Fabio Biondi nous a été proposé par un ami, Georges Gara, conseiller musique du Théâtre de la Ville à Paris. Nous avons découvert Ferenc Vizi en concert : un coup de cœur !

Comment vendre aujourd’hui des disques dans un marché en crise ?

I.M. : Les ventes deviennent effectivement de plus en plus difficiles. Ce qui fonctionne, c’est la vente de disques à la sortie d’un concert où ont été donnés les mêmes œuvres par le même interprète. Il est alors possible de vendre des centaines de disques d’un coup. Nous l’avons vu notamment après les concerts des Variations Goldberg de Bach par Kenneth Weiss. Par ailleurs, les chiffres de l’industrie du disque montrent que les ventes numériques commencent à décoller. Mais il faut le rappeler : nous gagnons notre vie en vendant les artistes que nous représentons.

A qui faites-vous appel pour la prise de son ?

I.M. : Nous avons la chance de collaborer avec Jiri Heger. Je suis admiratif de son travail, à la fois de prise de son, de direction artistique et de montage : il a une oreille extraordinaire, il arrive à entendre la moindre note dans une harmonie extrêmement complexe. Il commence par ailleurs à diriger, crée des arrangements… Une vraie personnalité ! Nous avons également commencé à faire des enregistrements « live », par exemple avec Kenneth Weiss qui est capable de faire un récital sans une note à côté tout en prenant des risques. Nous avons juste besoin d’une séance de « patch » après le concert, pour refaire notamment les passages où le public a toussé… Enfin, le live a également un avantage économique, grâce aux soutiens des salles de concert ou des festivals, ce qui n’est aujourd’hui pas négligeable.

Comment concevez-vous l’habillage éditorial et graphique de vos disques ?

I.M. : Les textes sont écrits par un musicologue, Richard Langham Smith, universitaire anglais, qui, pour l’anecdote, était mon professeur à la fac. Notre fils aîné, Arthur Forjonel, est cameraman et photographe. Pour les disques « live », il réalise un reportage photo le jour du concert, ce qui permet à l’auditeur d’être plongé le plus possible dans l’ambiance du concert.

De quel enregistrement gardez-vous le souvenir le plus marquant ?

I.M. : Je me rappelle très bien du disque de James Bowman et Kenneth Weiss, enregistré à l’Abbaye de Saint Michel en Thiérache. Ils interprétaient des œuvres de tous les répertoires, et nous avons eu besoin, à la dernière minute, d’un piano. Le seul instrument à proximité disponible à la location était un piano blanc avec un jeu de lumières, sur lequel aurait joué Gilbert Bécaud. Kenneth Weiss s’est pris au jeu et a même porté des lunettes de soleil pour jouer sur cet instrument très kitsch !

 

Propos recueillis par Antoine Pecqueur

Satirino, 118 rue Haxo, 75019 Paris. Tél : 33 977 198 077.  Site internet : www.satirino.fr

A propos de l'événement

Ian Malkin
Satirino
118 rue Haxo, 75019 Paris
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