Emma Gustafsson met en scène « Je suis le vent » de Jon Fosse : une errance poétique et métaphysique
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Focus -328-Compagnie anima motrix : une direction bicéphale, entre danse et théâtre.
Depuis 2018, Emma Gustafsson et Laurent Hatat travaillent, en complicité, sur toutes les créations d’anima motrix. Ils ont décidé, au printemps 2023, d’assumer conjointement la direction de cette compagnie, redessinant sa ligne artistique entre pensée en mouvement et corps intelligent.
Quelle nouvelle page s’est-elle ouverte avec l’arrivée d’Emma Gustafsson à la codirection d’anima motrix ?
Laurent Hatat : anima motrix s’est toujours inscrite dans une approche politique et sociale des textes, qu’ils soient classiques ou contemporains. Le prisme critique, parfois inquiet, à travers lequel nous observons le monde dans lequel nous vivons est toujours là. Mais la grande nouveauté, depuis le début de notre collaboration artistique, c’est l’entrelacement de nos deux disciplines : la danse et le théâtre. Et puis, Emma vivant à Marseille, moi à Lille, anima motrix rayonne aujourd’hui sur deux territoires.
Emma Gustafsson : Notre première co-mise en scène date de janvier 2020. Laurent avait besoin d’un regard sur le corps. Il m’a proposé de travailler avec lui. Avant cela, j’avais été comédienne dans plusieurs de ses spectacles. Les choses s’organisent, entre nous, de manière très libre. Lorsque nous mettons en scène des projets individuels, l’autre intervient en tant que collaborateur artistique. Nos théâtralités sont différentes et complémentaires. Ensemble, nous articulons le travail de la pensée et du mouvement.
L.H. : Emma et moi partageons une sensibilité commune. Grâce à notre collaboration, nous avons élargi le spectre artistique d’anima motrix, ce qui nous permet de présenter également nos créations dans des institutions chorégraphiques. Une forme d’élégance se dégage de la façon dont Emma envisage les choses. Elle fait toujours preuve d’une grande attention pour les personnes et les destins.
anima motrix collabore avec d’autres compagnies…
L.H. : En effet. Ces collaborations prennent des formes diverses. Il peut s’agir de compagnonnages encadrés par le Ministère de la Culture, comme c’est le cas avec la Compagnie Kilomètre Zéro de Mathias Zakhar. Ou alors, de compagnonnages plus informels, comme avec la Compagnie Abri Anima de Sarah Mordy, ou le Dangbé Théâtre, une jeune compagnie hébergée par le Centre culturel de rencontre international John Smith, à Ouidah, au Bénin.
E.G. : Nous enseignons aussi dans des Écoles nationales supérieures, notamment à l’ERACM. Depuis cinq ans, j’interviens chaque année, dans le cadre d’une unité d’enseignement intitulée Dramaturgie du corps au plateau, au sein de cette école. D’un point de vue politique, il nous semble très important d’être en lien avec la jeunesse. C’est une façon de rester au plus près des évolutions du monde.
Pouvez-vous nous présenter vos deux nouvelles mises en scène, qui seront créées en 2026 ?
E.G. : Je vais, pour ma part, mettre en scène Jouer le jeu, de Jon Fosse, un auteur que j’aime énormément. Il s’agit vraiment d’un petit chef-d’œuvre, qui déploie une profondeur à la fois joyeuse et existentielle, comme un En attendant Godot pour enfants… Ce spectacle sera incarné par deux interprètes de l’Oiseau-Mouche (ndlr, troupe d’acteurs professionnels en situation de handicap). Les comédiens de cette compagnie ont une façon de voir le monde que je trouve très précieuse. Ils nous permettent d’ouvrir les yeux sur des choses que, habituellement, nous ne voyons pas.
L.H. : Quant à moi, je vais porter à la scène Frère des astres. Dans ce roman, Julien Delmaire s’empare d’un personnage historique, Saint Benoît Labre, et le réinvente pour notre époque. Le jeune homme illuminé qu’il imagine a fait vœu de pauvreté. Il parcourt la France à pied, du Pas-de-Calais jusqu’à la Méditerranée. Julien Delmaire est romancier mais aussi slameur. Il a un rapport à la langue à la fois poétique et brutal. Il rend compte, d’un côté, de la beauté des paysages qu’il traverse, de l’autre, de la violence d’un pays en butte à la pauvreté.
Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat
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