Du théâtre pour faire rêver avec Cédric Gourmelon, directeur de la Comédie de Béthune

Quel bilan tirez-vous des deux premières saisons passées à la tête du CDN Hauts-de-France ?

Cédric Gourmelon : J’ai été nommé juste après la crise du Covid, à un moment où les salles avaient été vidées par la pandémie. Notre grande interrogation était de savoir si nous allions parvenir à les faire se remplir de nouveau. Nous avons été plus que rassurés par la fréquentation de la saison 2022/2023, qui a été très élevée. Encore plus de monde est venu dans nos salles qu’avant la crise.

Pouvez-vous nous rappeler les principaux axes de votre projet pour la Comédie de Béthune ?

C.G. : Mon idée a été de proposer de grands spectacles, qui fassent rêver les spectatrices et spectateurs. La Comédie de Béthune dispose d’un beau plateau, que je tiens à utiliser au maximum, par le biais de propositions ambitieuses : des spectacles de troupes, avec des décors, avec des costumes… Je souhaite mettre en avant un théâtre de récits, d’épopées, par exemple grâce à des pièces de Shakespeare ou de Molière. Les habitantes et habitants sont en demande de grands classiques. Pour autant, nous ne laissons pas de côté les textes contemporains. Mais notre ligne n’est pas du tout pluridisciplinaire. Nous programmons exclusivement du théâtre, et plus précisément du théâtre de texte, en accueillant le plus possible de créations. La saison dernière, sept spectacles ont été créés chez nous, ce qui est considérable pour une structure comme la nôtre.

« Ici, voyager hors les murs a particulièrement de sens. »

Qu’est-ce qui vous a guidé dans le choix des sept artistes associés qui vous accompagnent ?

C.G. : J’ai voulu m’entourer d’artistes passionnés de théâtre, d’artistes dont les œuvres s’ancrent dans une relation forte aux textes et à la littérature, tout en travaillant sur des esthétiques diverses, en ayant des façons très différentes de diriger les acteurs. Il y a Baptiste Amann, Lisa Guez, Tommy Milliot, Thomas Piasecki, Tiphaine Raffier, Jean-François Sivadier et Louise Vignaud.

Continuer à développer l’itinérance, comme c’était le cas avant votre arrivée à Béthune, est également l’un des points forts de votre projet…

C.G. : Exactement. La Comédie de Béthune a été l’un des théâtres précurseurs dans ce domaine, il y a une trentaine d’années. Ici, voyager hors les murs a particulièrement de sens, puisque notre CDN est financé par une communauté d’agglomération de 100 municipalités, qui comptent près de 280 000 habitants. Il est naturel de travailler pour toutes ces communes. Le Pas-de-Calais est un grand département, dont certaines zones sont très éloignées de l’offre culturelle. Nous avons pour mission d’apporter le théâtre au sein de ces territoires. Chaque saison, nous sélectionnons cinq ou six spectacles que nous faisons tourner dans des communes qui ne disposent pas d’équipement théâtral. Nous jouons dans des salles de fêtes, des parcs, des cours de ferme… Les communes dans lesquelles nous nous déplaçons sont de véritables partenaires. Nous organisons, avec elles, des rencontres d’artistes, des ateliers…

Comment avez-vous pensé cette saison 2023/2024 ?

C.G. : Nous l’avons organisée autour des créations des artistes associés. Avec, notamment, Loin de la mer, une adaptation de La Petite Sirène de Lisa Guez, et Némésis de Tiphaine Raffier (ndlr, programmé hors les murs, à Valenciennes). Il y aura aussi Caligula d’Albert Camus, mis en scène par Jonathan Capdevielle. Ou encore, Cendrillon de Robert Walser, créé en itinérance par le jeune metteur en scène Simon-Elie Galibert.

Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat