L’expérience du langage, entretien croisé avec Daniel Jeanneteau et Mammar Benranou
Depuis plusieurs années, ils mettent leur [...]
Elle fut l’une des grandes interprètes d’Antoine Vitez. Dominique Reymond incarne aujourd’hui le rôle central d’Et jamais nous ne serons séparés. L’occasion, pour la comédienne, de revenir sur la proximité qui l’unit à l’écriture de Jon Fosse.
« J’ai découvert l’écriture de Jon Fosse en allant voir Quelqu’un va venir, mis en scène par Claude Régy, en 1999. J’avoue que j’ai d’abord été un peu étonnée, un peu circonspecte. Cette première rencontre n’a pas été pour moi un choc immédiat. C’est par la suite, en jouant l’une de ses pièces, Visites, mise en scène de Marie-Louise Bischofberger, et en lisant ses romans, que j’ai découvert l’ampleur de cette œuvre bien sûr grave, mélancolique, mais aussi extrêmement drôle… Je dirais que ce qui me touche le plus dans les textes de Jon Fosse, c’est leur dimension spirituelle. Car, j’ai toujours pensé que le théâtre avait un rapport avec la mort. Non pas la mort comme une fin en soi, la mort comme un début, comme une ouverture vers autre chose. C’est cela qui m’émeut tant chez cet auteur : le courage avec lequel, dans un monde soumis à la rationalité, il tient la main de l’invisible, de l’occulte, de ce que l’on ne voit pas… Il le fait de façon surprenante, avec une force comique que je trouve irrésistible.
Comme de la peinture, comme de la musique…
Les personnages de Fosse sont des hommes et des femmes très particuliers. Ils utilisent peu de mots, ont peu de vocabulaire. Je trouve leur vulnérabilité déchirante. Ils existent et, en même temps, ils n’existent pas. Ils ne sont ni morts ni vivants, on n’arrive pas vraiment à savoir où ils se trouvent. Et pourtant, ils sont tellement concrets : ce ne sont pas des fantômes. La façon dont il se débattent dans ce monde, qui n’est pas fait pour eux, qu’ils essaient de comprendre, comme ils essaient de comprendre l’autre, qui leur fait face, mais qui reste un inconnu, me bouleverse… Et jamais nous ne serons séparés est une pièce peut-être encore plus abstraite que les autres pièces de Jon Fosse, une pièce sans début, sans trame, sans fin… Il s’agit d’une magnifique déclinaison, à l’infini, dans la tête d’une femme, de forces contraires et obsessionnelles sur le thème de l’amour. C’est comme de la peinture, comme un tableau de Rothko… Mais aussi comme de la musique contemporaine. Comme une partition faite de suspensions, de ressassements, de boucles de mots rythmiques et mélodiques… »
Manuel Piolat Soleymat
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Révélé en France, en 1999, par une mise en [...]
Arrivé à la direction du T2G en janvier 2017, [...]