Dalila Belaza, pour un état de communion

« En 2025, j’ai été lauréate du mécénat de la Caisse des Dépôts. Ce soutien est singulier, car il ne se limite pas à la création. Il s’étend aussi au fonctionnement de la compagnie, offrant une assise et une stabilité précieuses. Cette aide permet de consolider les emplois administratifs, de fidéliser les équipes et de garantir une continuité dans le travail. Elle donne du temps et de l’espace, là où nous en manquons cruellement, et elle rend possible un approfondissement des démarches artistiques. Dans ce contexte, j’ai pu engager pleinement le processus de Un peu pour mon cœur… Cette création s’ancre dans la question des danses et des chants traditionnels. J’ai des souvenirs assez prégnants de ces atmosphères en Algérie où le chant, la danse, la musique se mêlaient à la vie de manière très intense. J’ai redécouvert l’expression « un peu pour mon cœur et un peu pour Dieu », qui traduit un équilibre entre plaisir personnel et dimension spirituelle.

Choralité, ouverture et intemporalité

Ce que j’aime, ce n’est pas la tradition en tant que telle, mais l’être au cœur de la tradition. Un état d’être à travers plusieurs cultures. Le processus d’Un peu pour mon cœur… est ainsi traversé par des résidences d’observation en Calabre, en Irlande et en Algérie. Dans mon travail, j’utilise lumière, son, corps, espace comme des lignes mélodiques qui composent une partition. Ici, je vois chacun des interprètes devenir autre chose que chanteur ou danseur. Je crois que ma démarche avance vers la question de l’état de communion. Ce qui est à mon sens intéressant d’envisager à travers la danse traditionnelle, c’est cet endroit d’ouverture. C’est comme lui donner un autre cadre, la possibilité d’avoir une forme d’intemporalité. »

Propos recueillis par Nathalie Yokel