Adrien Perruchon dirige « Fidelio » : « Pour chaque numéro, la perfection d’une mini-symphonie »
Le chef, familier de l’univers beethovénien [...]
Cyril Teste signe une lecture contemporaine de Fidelio, tout en exprimant sa portée universelle.
Lecteur de Goethe et de Schiller, qu’il a mis en musique, Beethoven n’a pourtant composé qu’un seul opéra. Pour Fidelio, qu’il remaniera à deux reprises entre 1804 et 1814, il emprunte le sujet d’un drame français de Jean-Nicolas Bouilly, « tiré d’une histoire vraie » comme on dirait aujourd’hui. On y voit Léonore, travestie en Fidelio, qui pour rejoindre et libérer son époux Florestan, se fait embaucher comme gardien dans la prison où il est arbitrairement détenu. Dans ce parcours, qui fait évidemment écho au mythe d’Orphée, Cyril Teste voit « un long voyage vers les profondeurs, une descente sans fin vers Florestan, allégorie de la Liberté (de penser), de la Justice et de l’Amour. Inversant la doctrine platonicienne, l’opéra de Beethoven ouvre un chemin descendant vers le monde des idées, et résonne ainsi comme une célébration des ténèbres ». Cependant, Cyril Teste, « habité par la nécessité de déplacer l’opéra dans une conception contemporaine de l’espace », a choisi de travailler l’œuvre « dans une scénographie sans haut ni bas, un espace entièrement « horizontalisé » ».
Souffle humaniste
Il s’inspire des prisons de haute sécurité américaines – un univers rendu familier par sa prégnance dans la production audiovisuelle. « La circulation des corps y est si contrainte et codifiée qu’elle en fait des entités abstraites, prises dans des flux qui les dépassent, précise encore Cyril Teste, qui ajoute : « L’opéra aborde également la question de geôlier. Qu’est-ce que surveiller et punir aujourd’hui ? Est-ce, comme le craignait déjà Michel Foucault, introduire l’œil partout ? Florestan est un prisonnier politique que l’on ne surveille ni ne punit comme les autres. S’il n’a le droit de voir personne, personne, en miroir, n’ose vraiment le voir. Il est observé à distance. Le plateau sera équipé d’un dispositif évoquant clairement le principe de la vidéosurveillance. Plusieurs moniteurs télé donneront à voir ce qui d’ordinaire échappe à la vue : l’intérieur des cellules, l’envers du décor ». La prison, ce « non-lieu », investit la scène de l’Auditorium de l’Opéra de Dijon, après celles de l’Opéra Comique puis de l’Opéra de Nice, coproducteurs du spectacle. De la fosse à la scène, l’orchestre, les chœurs et les solistes y font entrer le souffle humaniste de Beethoven.
Jean-Guillaume Lebrun
Auditorium, les 8 et 10 novembre à 20h, le 12 novembre à 15h.
Tél. : 03 80 48 82 82
Le chef, familier de l’univers beethovénien [...]