La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -279-Théâtre de Sartrouville et des Yvelines

Créer, c’est nourrir l’imaginaire

Créer, c’est nourrir l’imaginaire - Critique sortie Théâtre Sartrouville Théâtre de Sartrouville et des Yvelines - Centre Dramatique National.
© Tazzio Paris Sylvain Maurice

Entretien Sylvain Maurice

Publié le 29 août 2019 - N° 279

Directeur des lieux depuis 2013, Sylvain Maurice propose une saison protéiforme et adapte Penthésilée de Kleist avec Agnès Sourdillon entourée de chanteuses et musiciens.

Quelles sont les lignes directrices de cette saison 2019-2020 ?

Sylvain Maurice : Grâce à l’outil théâtral dont nous disposons – une grande salle de plus de 800 places, une petite d’environ 200 places, et des espaces de travail pour les équipes artistiques -, notre programmation accueille des œuvres très variées, dont une part importante de créations, productions ou coproductions, des coups de cœur, des propositions familiales… Cette saison se structure principalement autour de deux axes directeurs, qui pour plusieurs spectacles se rejoignent : un alliage singulier entre théâtre et musique, et aussi de nombreux autoportraits ou portraits d’acteurs. Sans oublier la thématique de l’enfance et la jeunesse, très présente grâce notre biennale de création théâtrale Odyssées, dont les six spectacles sont destinés aux plus jeunes, des tout-petits jusqu’aux adolescents avec des œuvres tout public.

« Nous faisons naître des rencontres passionnantes entre des univers et des langages différents. »

Comment s’organise la relation entre théâtre et musique ?

S.M. : De multiples façons, en faisant naître des rencontres passionnantes entre des univers et des langages différents. Créer de nouvelles configurations qui mobilisent ensemble théâtre et musique, c’est explorer un infini champ de possibles que les artistes comme les spectateurs ont plaisir à découvrir. Nous avons mis en place une collaboration au long cours sur trois saisons avec l’ensemble de musique contemporaine TM+ dirigé par Laurent Cuniot. Nous allons notamment créer ensemble L’Enfant inouï, librement inspiré de L’extraordinaire garçon qui dévorait les livres d’Oliver Jeffers, dont je crée le livret tandis que Laurent en compose la musique. Cette fable géniale que nous mettons en scène comme un mini opéra raconte l’histoire d’un enfant à l’appétit insatiable qui un jour ne parvient plus à digérer les livres et se met à les dévorer autrement. Nous nous associons aussi à Laurent Carrier, qui dirige Colore, structure qui produit et diffuse des créations jazz, avec laquelle nous proposons la deuxième édition de Jazz’Partage. Elle se décline en trois rendez-vous au fil de la saison avec des artistes de grand talent. En mars, ma mise en scène de Penthésilée d’après Kleist conjugue aussi théâtre et musique à travers deux musiciens – Dayan Korolic et Paul Vignes – et quatre chanteuses issues de musiques actuelles et voyageuses, entre RnB, soul, raggamuffin et beatbox – Raphaëlle Brochet, Janice in the Noise, Ophélie Joh, Julieta – qui entourent l’immense comédienne Agnès Sourdillon. Le bassiste, contrebassiste et compositeur Dayan Korolic, avec qui je travaille depuis une vingtaine d’années, a réalisé un formidable casting.

« Penthésilée dessine le portrait d’une actrice autant que d’un personnage. »

Quel est votre regard sur Penthésilée ?     

S.M. : C’est selon moi une pièce monstre, l’une des plus belles du répertoire et des plus singulières, rarement portée à la scène. Reine des Amazones, Penthésilée s’éprend du héros grec Achille contre les lois qui régissent son peuple exclusivement composé de femmes guerrières, lois qui interdisent tout attachement amoureux. A partir du texte original, qui mêle intrigue classique et péripéties romantiques, j’ai créé un livret à la trame narrative limpide, centrée sur une seule actrice entourée de chanteuses et musiciens. La pièce dessine le portrait d’une actrice autant que d’un personnage :  Agnès Sourdillon et Penthésilée. Dans le sillage de Réparer les vivants, cette pièce prolonge le travail que j’effectue depuis des années autour des monologues, où l’interprète est créateur de son propre imaginaire.

Qu’en est-il des autres portraits ?

S.M. : Les portraits constituent un axe directeur qui architecture aussi bien mon travail de metteur en scène que celui de programmateur. Portrait de Ludmilla en Nina Simone écrit et mis en scène par David Lescot croise les portraits de la jeune comédienne Ludmilla Dabo et de la grande artiste Nina Simone. Olivier Martin-Salvan fait entendre des écrits d’art brut et des voix singulières avec [3aklin] Jacqueline. Portrait de Raoul de Philippe Minyana, mis en scène par Marcial Di Fonzo Bo, conte la vie extraordinaire de Raoul Fernandez, interprète du spectacle. Et l’an prochain, je mettrai en scène avec Vincent Dissez deux très beaux textes autobiographiques que Jean-Luc Lagarce a écrit à la fin de sa vie : L’apprentissage et Le Voyage à La Haye.

Propos recueillis par Agnès Santi

A propos de l'événement

Penthésilée, texte Heinrich von Kleist, version scénique et mes Sylvain Maurice,
du mercredi 4 mars 2020 au vendredi 27 mars 2020
Théâtre de Sartrouville et des Yvelines - Centre Dramatique National.
Place Jacques-Brel, 78500 Sartrouville.

Tél. : 01 30 86 77 79.

Site : www.theatre-sartrouville.com

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